Chapitre [67]

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Après une longue journée à ne rien faire dans la capitale égyptienne, Francesco s'était décidé à retourner voir sa télé novela favorite, une fois la nuit tombée. Il avait cherché tout autour de la demeure du général en chef si son général préféré s'y trouvait. Et il avait eu raison : comme par miracle, il les aperçu à l'écart, près du mur qui séparait la rue du jardin. Jackpot. Sans trop s'approcher, il alla discrètement se cacher derrière un muret en se couchant sur le sable. La pierre qu'il toucha était froide. C'est vrai que ça se faisait frais, à cette heure-ci... Il leva les yeux vers le ciel. Il était rempli d'étoiles plus scintillantes les unes que les autres, et c'était magnifique.

- Vous avez passé la journée avec lui! Vous m'oubliez!!

- Je t'oublie?! Tu ne fais que dormir ou manger toute la journée! Ou t'amuser avec les catins, ou avec Marmont! Est-ce là l'attitude d'un général?!

- Là n'est pas la question!! C'est de votre attitude dont on parle!

Heureusement, la pénombre faisait que l'on ne voyait pas le soldat napolitain derrière sa cachette. Il n'y avait qu'une seule lumière dans les environs, et c'était une lanterne posée sur le haut mur, qui éclairait les deux généraux comme s'ils s'agissait d'acteurs sur une scène. Autrement dit, un éclairage coïncidemment parfait. De plus, bien qu'il soit assez loin d'eux pour ne pas être repéré, il les entendait assez clairement pour les comprendre. Faut dire qu'ils n'étaient pas très discrets.

Non, voyons, il ne les épiait pas! Il était simplement curieux. Il avait eu une chance inouïe de les surprendre au milieu d'une conversation privée. Il n'en revenait toujours pas. Ce couple l'intriguait, et ce sentiment était accentué par l'aura mystérieuse qui planait autour du général en chef.

- Désolé de profiter autant que possible de l'expédition dont j'ai rêvé toute ma vie! Désolé te décevoir Monsieur Junot qui me fait une crise de jalousie car je parle de sciences avec Murat, alors que lui passe ses journées dans les bras de catins!!

C'était encore plus intéressant qu'il ne le pensait.

- Vous... Vous!!

- Ah, tu es sans voix maintenant?! Tu crois que je ne m'en suis pas rendu compte?! Que dois-je faire pour te tenir sage, te forcer à rester auprès de moi comme il y a quelques jours, et te faire surveiller en permanence?!

- Vous... Vous ne vous occupez pas assez de moi! De mon corps! Je dois bien en trouver d'autres pour le faire!

- Excuse-moi, mais te faire l'amour n'est pas ma priorité ici!!

- Elle devrait l'être!!

- Tu es un animal, voilà, un animal!

Francesco devina que Junot serrait les poings. Cependant, le ton semblait se radoucir, car il entendit ce dernier dire d'une voix étouffée, comme si des larmes lui venaient aux yeux :

- Vous... vous n'aimez pas nos moments d'amour?

- Ce n'est ni le lieu, ni le moment de parler de ça! Cracha le général en chef. Je ne sais même pas pourquoi j'ai eu l'inconscience d'évoquer ce sujet à haute voix, si l'on nous entendait-

- Vous êtes mien, pour toujours, le coupa Junot en le prenant contre lui.

Napoléon ne le repoussa pas, mais jeta un coup d'œil alentour. Si l'on venait à les surprendre ainsi... mais allons, juste une étreinte...

Il se laissa aller dans ses bras, dans un élan de lassitude. Il finit même par lui rendre l'étreinte, un peu timidement. Pourquoi était-ce si agréable...? Il aurait souhaité pouvoir rester blottit ainsi pour toujours.

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now