Chapitre [162]

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Bien qu'ils étaient en début d'automne, Francesco et les autres avaient encore chaud, à Paris. Ce dernier était revenu de chez Gabriel il y a déjà quelques semaines, et avait été très occupé depuis. Entre les classes à donner aux enfants et le travail à l'auberge, il n'avait pas eu beaucoup de temps à lui.

Ainsi, lorsque Marie leur avait annoncé un manque de réserves, le napolitain s'était de suite présenté pour les remplir. Aller aux Halles lui ferait voir un autre quartier. Une bourse de pièces en main, il était suivi de Thérèse et Arnaud, qui s'étaient proposés pour l'accompagner, ainsi que d'un certain gersois qui bâillait aux aurores.

Oui, pour une fois, il avait réussi à faire venir Sébastien, qui avait à peine rechigné. C'était un miracle. D'ailleurs, ce dernier avait l'air plus conciliant depuis leur dernière discussion au jardin du Luxembourg. Cela lui faisait plaisir.

- Papa Francesco, que faut-il acheter pour Marie? Demanda Thérèse en sautillant.

- Si je me souviens bien, elle a besoin de carottes, de haricots verts, de pommes et de tomates, ainsi qu'un peu de viande. J'ai aussi besoin de blé pour faire mes pastas.

- Et pourquoi allons-nous au Halles et pas au marché habituel? Grogna Sébastien, peu heureux de devoir sacrifier son après-midi pour trouver quelques légumes.

- Il y a bien plus de choix, et ce n'est pas beaucoup plus loin. Je n'y suis encore jamais vraiment allé, c'est l'occasion.

Thérèse devant, ils parcoururent quelques rues et arrivèrent en peu de temps devant la grande place. Elle était immense, et pourtant il semblait difficile d'y circuler. Les charrues bloquaient de nombreux passages déjà ensevelis de cageots, et ces allées trop étroites étaient entourées de stands en tout genre.

L'on y trouvait non seulement de la nourriture, telles des viandes, des poissons et des fruits et légumes, mais aussi quelques vêtements et des meubles. Francesco reconnu même l'un de ses amis maghrébins, devant une échoppe de tissus orientaux.

Il ne se retint pas d'aller le saluer, abandonnant ses compagnons.

- Ah! Francesco, mon ami! Quel surprise de vous voir!

- Bonjour, Abdallah. Cette échoppe vous appartient-elle?

- Oh, non, je ne saurais faire de si beaux tissus, rit le vieil homme. Tout cela appartient à un couturier du faubourg Montmartre, à qui j'ai pu inspirer certaines créations.

- Comme celles-là, reconnu Francesco en faisant défiler un tissu pourpre, brodé de jaune, entre ses doigts.

- Oui. Celui que vous avez dans la main est un motif que l'on retrouve beaucoup par chez moi. Le revoir me rappelle de lointains souvenirs...

- Celui-ci est beau, aussi. Je m'en souviens en avoir vu de pareils en Égypte.

- Ah, le vert... ce n'est pas étonnant. C'est une des couleurs les plus importantes de l'Islam. Elle est un symbole de la nature, que nous chérissons beaucoup. C'est aussi celle du prophète, c'est pourquoi celui qui la porte doit en être digne. Elle est également celui du Paradis et de son jardin, ainsi que de son parfum, qui est celui du basilic.

- Le basilic... en effet, son parfum est vraiment délicieux! C'est pour cette raison que l'on en rajoute dans nos sauces, par chez moi. Très souvent avec les tomates.

Il en salivait, rien que d'y penser.

- Vous devrez vraiment me faire goûter ces pastas un jour, celles dont vous me parlez tant.

- Vous allez adorer! Personne ne déteste les pastas, et encore moins les miennes!

- Francesco, que fais-tu?! Nous n'avons pas toute la journée! Marie va s'impatienter si on ne lui ramène pas ses légumes!

Folie rime avec irréfléchiOnde histórias criam vida. Descubra agora