Chapitre [74]

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Francesco est Andreas étaient assis à même le sol à laver leur sabre jusqu'à ce qu'il brille, quand Gabriel s'avança vers eux, l'air hésitant.

- Francesco, crois-tu aux esprits? Demanda-t-il après un moment.

- Je n'en sais rien, pourquoi?

Il jouait avec ses mains, pas très rassuré.

- Tu sais, il m'arrive de les entendre... voire même d'en apercevoir.

- Mon pauvre Gabriello, tu deviens fou, rit-il.

- Cesse de te moquer de moi! Je t'assure que je ne délire pas!

- D'accord, d'accord, je te crois. Et qui te fait dire que tout ça soit bien des esprits, Jeanne d'Arc?

- J'ai aperçu un pharaon...

- Un rigolo qui s'est déguisé, sans doute, c'est tout.

- Et où aurait-il trouvé l'or donc étaient composés ses bracelets et son espèce de couronne? Sans parler de sa tenue... je n'en ai jamais vu de pareille.

- As-tu essayé de converser avec lui? Demanda curieusement Andreas.

- Non, je n'ai pas réussi. Il parlait une langue que je n'ai pas reconnue, ce n'était même pas de l'arabe.

- Si en effet c'était un pharaon, cela ne m'étonne pas... ce devait être une très vieille langue d'Égypte.

- Gabriello, tu ne m'avais pas dit que tu avais une grand-mère sorcière ou quelque chose du genre?

- Et elle était alchimiste et herboriste! Pas sorcière! Cela n'a rien à voir! Elle travaillait même pour le Secret du Roi, vous savez, les espions de Louis XV qui résolvaient des affaires très mystérieuses... de magie noire! Avec des sectes sataniques et des francs-maçons étranges! Eh bien, c'est ma grand-mère qui a contrées ces menaces!

- Donc, c'est une sorcière...

- Non!!

- Gabriello... toi et tes histoires...

- Un jour je vous concocterai une potion à base de sang de scorpion et d'os momifiés et vous me croirez.

- Oh, je l'attends~

- Enfin, pour ton pharaon, si effectivement il est encore ici, eh bien il doit errer depuis un bon bout de temps.

- Oui... il m'a aussi montré le Soleil du doigt.

- Le Soleil? Étrange. Au pire, tu demanderas à ta grand-mère quand tu la verras.

- Elle est morte il y a cinq ans.

- Oh... pardon...

- Ce n'est rien. Enfin...

- Tu n'as qu'à lui demander si tu vois son fantôme!

- Je n'ai jamais vu son fantôme, Andreas. Oh, et puis vous m'énervez! Vous ne me prenez pas au sérieux!

- Mais bien sûr que siiii! C'est seulement que nous ne comprenons pas.

- Vous ne comprenez jamais rien. Bande de sots.

- Il nous insulte, le petit Gaby~?

- Oh, Seigneur. Pitié, tout sauf ce surnom.

- Allez, viens nous aider à récurer nos sabres. Notre petit sorcier.

- Je ne...! Oh, et puis laissez tomber!

Gabriel roula des yeux et alla se joindre à eux. Il y avait vraiment des choses qu'il valait mieux garder pour soi.

~ ☘ ~

Gabriel ouvrit légèrement les yeux. Il faisait encore nuit, et tout le monde dormait autour de lui. Il avait été réveillé par un chant... un chant de femme. Et il l'entendait toujours... quelle langue était-ce? Sa curiosité piquée, il se leva et suivi la mélodie. À sa grande surprise, il remarqua qu'il avait marché jusqu'à la tente du général en chef. Mais le chant venait bel et bien de là... et il l'entendait très clairement. C'était une voix douce, quoiqu'étant une voix dont on remarquait la vieillesse. Mais elle était très rassurante. Même s'il n'en comprenait pas les paroles, Gabriel était certain qu'il s'agissait d'une berceuse.

Puis c'était comme si la tente n'était plus là. Où alors cette vision venait-elle de son esprit. Il y voyait le général en chef, dormant à points fermés, et une vieille femme chanter auprès de lui, avec un sourire aux lèvres. Elle lui ressemblait...

Et le chant s'arrêta. Gabriel cligna des yeux, et après le retour du silence nocturne, décida d'aller se recoucher sans plus chercher à comprendre. Il avait dû rêver.

Le lendemain matin, Il se réveilla avec les souvenirs de son réveil nocturne encore à l'esprit. Ce n'était définitivement pas un rêve.

Ayant besoin de réponses et de mettre tout cela au clair, il se tourna vers l'ami qui était le plus enclin à le comprendre et en qui il avait le plus confiance.

- Francesco... je sais que tu ne vas pas me croire, ou me prendre pour un fou, mais... je me suis réveillé cette nuit, et j'ai aperçu une vieille femme chanter au chevet du général Bonaparte.

Francesco le fixa avec des yeux fatigués, à moitié réveillé. Il lui répondit néanmoins en bâillant :

- Je ne pense pas que tu perdes la tête. Et je ne vois pas pourquoi tu mentirais. Je vais choisir de te croire.

- Merci... elle chantait... en une langue que je ne comprenais pas. Cela ressemblait au Napolitain que tu parles.

- Hm, le général Bonaparte est Corse. N'était-ce pas du Corse?

- C'est bien possible.

- Quelqu'un de sa famille, peut-être. Allons, n'y pense plus.

Gabriel hocha la tête. Pourtant, cette image et surtout ce chant le tourmentaient encore...

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now