Chapitre [152]

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- Le Thiers, verse-moi plus d'eau chaude. Je commence à me refroidir. Et ensuite, tu viendras m'aider à me laver.

- O... Oui, Majesté, bafouilla le garçon en déposant la serviette qu'il s'adonnait à plier sur les autres, et en attrapant promptement un seau qu'il se dépêcha d'aller remplir de l'eau qui chauffait au dessus d'un feu.

Il revint rapidement et déversa son contenu dans la grande baignoire en argent dans laquelle Lucien prenait son bain, faisant frémir ce dernier au contact de l'eau bouillante.

- Merde, fais un peu attention!! Elle est brûlante!! Tu veux me rôtir vivant!?!

- ...Pardon...

- Tu es un bien piètre serviteur! Je me demande pourquoi je te garde encore à mon service.

Peut-être tenez-vous à moi, ne serait-ce qu'un peu...?  Espéra le jeune garçon en attrapant un savon et en frottant le dos de son maître.

- Enfin, je dois être habitué à toi. Et puis au moins tu ne rechignes pas lorsque je te donne des ordres.

Si je vous obéis aveuglément, c'est car c'est par le seul moyen pour moi de faire que vous me remarquiez, ne serait-ce qu'un peu... Et de vous satisfaire...

- Merci, Majesté...

- Et tu n'es pas bavard, c'est une très bonne chose. Cela me change de ces stupides bonnes femmes qui cancanent et de ces hommes qui m'assaillissent de leurs projets politiques défectueux...

Pourtant, j'aurais tant de questions à vous poser et mille mots à vous conter...

- Je suis honoré d'entendre ces mots que je ne mérite pas.

Il s'arrêta quelques secondes, observant ce dos qu'il se devait de frotter de ses mains, mais continua tout de même avec le savon en lui prenant un bras pour s'en occuper. Il frottait doucement, ne voulant pas pas abîmer cette peau qui semblait étrangement à la fois si blanche mais dorée comme si elle était bronzée. Peut-être cela dépendait-il des endroits de son corps, ou de la lumière du Soleil qui passait à travers les carreaux de la fenêtre pour venir dorer sa peau déjà colorée par les étés Corses.

Lucien ne dit plus rien. Il semblait réfléchir.

Le Thiers continua ses gestes incessants et répétitifs sur son autre bras, observant toutes les parcelles de peau qu'il pouvait, et se torturant l'esprit pour se retenir d'y déposer ses lèvres pour la goûter.

À peine avait-il reposé le savon que Lucien se plongea dans l'eau jusqu'aux lèvres.

- Dois-je aussi vous laver les cheveux?

Il le voulait. Plonger ses mains dans ses épaisses mèches noires. Les caresser, les frôler du bout des doigts, profiter de ce moment qui lui donnait l'opportunité de faire quelque chose dont il aimait à penser être le seul privilégié.

- Non. Ça ira. Et Dios mio, tu empestes! Depuis quand ne t'es-tu pas lavé?!

- Je suis sincèrement désolé que mon odeur corporelle vous gêne, s'excusa-t-il en baissant la tête. J'irai me laver ce soir.

- Ce soir?! Et tu comptes envahir mes appartements de cette odeur pestinentielle jusque là?! Allez, déshabille-toi et rejoins-moi.

- P... Pardon?

Il arrivait à peine à croire ce qu'il avait entendu.

- Tu devrais savoir que je déteste me répéter!!

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now