Chapitre [63]

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- Mon général... j'ai faim!

- Que puis-je y faire?

- J'ai faim!

- Va donc te trouver à manger.

- J'ai faaaaim...

- Il y a des lieux de restauration non loin d'ici.

- J'ai faim...

- ET MA MAIN DANS TA FIGURE, TU EN AS FAIM AUSSI?!

- Non merci.

- Et puis arrête de me suivre, veux-tu?! Tu n'as rien d'autre à faire?! Depuis ce matin tu me suis partout où je vais, c'est insupportable. J'ai l'impression de me coltiner un chien.

- Je serai votre chien! Ouaf!!

- Au pied.

Junot obéit et se mit à quatre pattes devant lui.

- Et tu le fais en plus!! Mais je rêve!!

- Je peux même remuer la queue si vous me contentez!

- Tu...!!!! Debout, et va-t-en!!

- Non!!

- Un chien, ça ne parle pas. Et ça désobéit encore moins à son maître. Donc tiens, prends ces pièces et va te chercher je-ne-sais quelle nourriture.

Le bourguignon ne dit rien et réceptionna les pièces qu'il lui lança à la figure.

- Merci, maître!!

Il ne reçut comme réponse qu'un regard noir. Le corse lui tourna le dos, et le laissa au milieu de la rue. Insupportable...

Mais Junot n'en prit pas compte ; aussitôt, il se mit à la recherche de nourriture, sifflant et faisant sauter ses pièces dans sa main.

Cet endroit était rempli de monde. Et puis qu'est-ce qu'il avait chaud! Il retira son uniforme qui lui semblait être un énorme manteau de fourrure, le laissant en chemise. Tant qu'à faire, il en déboutonna le haut. Comme c'était agréable, de pouvoir respirer... ce pantalon collant était ennuyeux aussi. Il transpirait tellement qu'il avait l'impression de l'avoir trempé dans l'eau. Il se serait bien mis pieds nus, mais le sable était bien plus brûlant que ses bottes. Ils ne savait vraiment pas comment faisait la population locale pour marcher sans chaussures sans que leurs pieds ne deviennent de la viande grillée.

En parlant de viande grillée, une délicieuse odeur attira son attention. Il regarda tout autour ; une échoppe particulière lui fit se lécher les lèvres. De la nourriture, de la nourriture partout!! Il se précipita devant, et observa en bavant presque toute la flopée de plats entreposés sur une nappe rouge. Et toute cette viande... cette vue magnifique lui donnait l'eau à la bouche. C'est sûr que ça changeait des pommes de terre à l'eau qu'il mangeait quotidiennement il y a trois ans, tout ça!

Qu'allait-il prendre? Il y avait tant de choix... et personne ne semblait rien acheter. Tant mieux, il allait en profiter!

L'un des marchands lui adressa la parole dans une langue incompréhensible. Il lui répondit avec le sourire, cette langue universelle, et fit mine de réfléchir devant les nombreux plats.

Après moult réflexions, il en choisit deux, l'un qui ressemblait à un couscous et un autre qu'il ne reconnu pas, couvert d'épices rouges, mais qui avait l'air déclicieux. L'homme lui mit les deux mets à plat dans une sorte de panier, et les lui donna. Junot lui offrit toutes ses pièces en retour.

Ces poulets avaient l'air goûtus aussi...

Il les montra du doigt au marchand.

- Je peux en avoir plus?

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now