Chapitre [182]

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- Alors il aurait eu l'audace de vous voler un baiser... je vous avais bien averti.

Alexandre, qui jusque là était pétrifié, sortit de son état de choc.

- Comment-Comment a-t-il osé!! Me porter atteinte ainsi!! M'humilier!! S'il.. s'il n'était pas.. ah! Je le ferai fusiller sur le champ!!

- Mais, n'est-ce pas habituel en Russie de s'embrasser sur les lèvres en signe d'amitié?

- Il y a des codes! Des raisons pour lesquelles ce baiser est donné! Prenez-vous les Russes pour des personnes immorales?!

Talleyrand reprit calmement sa tasse de thé et souffla légèrement dessus.

- Non, non, du tout, excusez-moi si je vous ai offensé...

- Ce baiser est un signe de gratitude, que l'on donne occasionnellement à un membre de sa famille, ou à un ami cher pour lui montrer notre reconnaissance. Pas à un chef d'État. Et encore moins sans raison apparente.

- Peut-être Napoléon a-t-il cru bien faire, tout simplement~. Et s'adapter aux coutumes de votre pays pour vous démontrer sa confiance.

- Cela m'a été plus vu comme une insulte qu'autre chose!! Et puis... ce n'était pas qu'un simple baiser qu'il voulait me donner! Qu'il garde ses distances à présent. Je ne veux plus en parler. Cet homme est fou, je ne sais pas comment il est parvenu à se faire proclamer... empereur... vous rendez-vous compte? Le même titre que moi! Nous sommes censés être au même niveau!!

- Mais car le peuple français est lui aussi fou, mon cher. Et qu'il est de votre devoir de lui rendre la raison.

- Croyez-vous qu'il se soit contenté de ce simple... baiser?! Juste avant de me le donner, il m'a fait... d'outrageuses avances! Ah, n'y pensons plus! J'aurais dû vous écouter...

Talleyrand riait intérieurement. Décidément, il n'avait rien à faire, cet homme s'enfonçait tout seul.

- Donc je suppose que pour cette future invasion des Indes, nous n'en parlons plus non plus...?

- Bien sûr!! Je romps cette alliance Franco-russe. Que dis-je, elle n'a jamais été formée! Que par ce maudit bout de papier... que m'a-t-il pris de signer ce traité!! Ah, il s'est bien moqué de moi!

- Majesté... puis-je vous demander une chose?

- Laquelle est-elle?

- Pourrais-je savoir pourquoi est-ce moi que vous êtes venu trouver à la suite de ce malheureux incident?

Alexandre le regarda d'un air troublé. C'est vrai, ça, pourquoi était-il venu vers lui en premier...?

- Eh... Eh bien... vous me sembliez confiant. Et vous pouviez comprendre. Je n'allais tout de même pas en parler à ma mère, ou à mes ministres!

- Pourtant, je pourrais me faire un malin plaisir d'offrir cette information au grand public.

- Je sais que vous ne le ferez pas.

- Et d'où vous vient cette sûreté?

- Vous pourriez être emprisonné. Excécuté.

- Je ne crains pas pour ma vie.

- Torturé, alors.

- Voyez-vous, votre Majesté, lorsque nous nous aventurons sur des terrains dangereux comme je le fais, nous apprenons à considérer le danger comme le dernier de nos soucis. Juste après la compassion.

Le Russe paru étonné quelques secondes, mais reprit de suite son sérieux. On ne le dupait pas. On avait trop abusé de sa clémence ; alors il n'allait plus en avoir.

Folie rime avec irréfléchiTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon