Chapitre [38]

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Le lendemain matin, en effet, la surprise fut plus que présente.

Le tout nouveau général en chef regardait presque choqué le lit où dormaient les deux bourguignons, planté devant la porte.

- ...JUNOT, PEUX-TU M'EXPLIQUER?!!

Celui-ci se réveilla en sursaut.

- Mon général...! Vous êtes revenu..!

- Je peux savoir ce qu'il se passe ici?! Ah, tu profites de mon absence pour passer du bon temps!

- ...Vous vous moquez de moi?! Vous me criez dessus juste parce que j'ai dormi en compagnie de mon ami d'enfance?! Je vous rappelle que c'est VOUS qui avez passé la nuit avec cette catin de Joséphine!!

- Tu.... comment oses-tu la traiter ainsi!!!

- Alors je ne compte... vraiment pas pour vous? Je n'ai jamais compté, c'est cela!!

- Non, ce n'est pas cela, mais... c'est la femme de ma vie, comprends, mon cher Junot. Tu devrais pourtant savoir que... ce que nous avons vécu est une chose que nous devrions effacer. À présent, cela n'a plus d'importance, dès que j'ai vu ma bien-aimée, ma chère Joséphine... toi aussi, Junot, tu trouveras la femme qui te fait perdre la raison.

- SORTEZ!!

- COMMENT OSES-TU ME DONNER UN ORDRE?! JE SUIS ICI CHEZ MOI AUSSI, ET JE NE PERMETTRAI PAS QUE L'ON ME MANQUE DE RESPECT DE LA SORTE!!

Ni une, ni deux, il lui prit le bras et le jeta dehors, au bord des larmes.

- La personne... qui me fait perdre la raison... c'est vous... sanglota-t-il contre la porte.

Marmont, qui n'avait osé sortir de dessous les draps durant cette discussion plutôt tumultueuse, se leva et alla s'accroupir près de lui en posant sa main sur son épaule.

- Junot... eh, Junot... allez, calme-toi...

- Pourquoi... pourquoi ne comprend-t-il pas... et pourquoi... pourquoi cela fait-il si mal... tu m'as dit... qu'il oubliera vite... mais c'est faux... il va m'abandonner...

- Junot...

- Peu importe combien de temps cela prendra... mais je te jure que jamais je ne laisserai cette catin de Joséphine de Beauharnais me le voler!

~ ☘ ~

Après plusieurs jours, Junot s'était finalement décidé à rendre visite à son général tant adoré, qui avait emménagé dans des appartements que lui avaient offert il-ne-savait-qui. Mais en tout cas ils étaient bien plus grands. Il frappa à la porte de son tout nouveau bureau, et entra, sans lever les yeux du sol.

- ...mon général...

- Junot..! Comment vas-tu?

À votre avis?!

- Bien... je venais voir comment avançaient vos projets de conquête du pouvoir.

- Ne dis pas cela tout haut! Et tu exagères. J'essaierai d'abord de conquérir le cœur de cette belle Joséphine, pour le monde, nous verrons après...

Junot serra les dents.

- Votre esprit est donc si embrumé de cette femme que vous m'en oubliez?!

- Ne peux-tu donc cesser d'être jaloux! Écoute, Junot, ce n'est pas parce que je l'aime que je vais cesser de te porter de l'affection. Tu comptes pour moi.

- Vous... Vous me le... promettez...?

- Oui... nous faisons la paix, alors.

- Aurai-je toujours une place spéciale dans votre cœur...?

- ...Oui...

Junot lui sourit. Tout est bien qui finissait bien.

Non, je rigole. Ce serait bien trop simple sinon.

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant