Chapitre [66]

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Les recherches s'étendaient sur plusieurs mois à présent, et les français étaient allés de découvertes en découvertes. La pierre de Rosette en particulier, dont on avait averti le général en chef de la trouvaille, avait fait s'émerveiller ce dernier. Il dût d'ailleurs s'empêcher de courir à Rosette pour y dénicher si possible d'autres trésors archéologiques. Les savants y faisaient un bon travail, après tout, et il n'en avait pas fini avec Le Caire. Aujourd'hui, il avait abandonné les pyramides pour se concentrer sur le Sphinx.

Cette majestueuse construction qui paraissait veiller sur le paysage le fascinait autant que les pyramides. Rien que sa grande taille...

Munit d'un carnet, il notait tout ce qu'il pouvait évaluer de la statue. Elle n'était pas aussi mystérieuse que les pyramides, mais sa forme était bien plus singulière. Il jeta un œil en arrière, apercevant bien plus loin les savants qui l'accompagnaient dans ses recherches au pied d'un palmier, probablement à faire des relevés géologiques. Plus loin encore, au bord du Nil, certains en étudiaient l'eau. Il sourit intérieurement. La voilà, l'expédition d'Égypte de ses rêves.

Il entendit un râle derrière lui, et remarqua Junot qui n'avait pas bougé de sa place depuis qu'il était venu commencer son étude. En voilà un qui était bien inutile aux recherches... Celui-ci était assis à même le sable, le dos contre l'immense statue. Aucun respect. Napoléon se demandait bien pourquoi il restait avec lui, à s'ennuyer si profondément, au lieu d'aller s'amuser en ville. Bon, peut-être était-ce parce qu'il le lui avait proscrit, après avoir eu vent de ses bons moments avec les prostituées. Il devait donc tout contrôler, son armée, ses recherches, et même Junot... celui-ci s'ennuyait peut-être, mais au moins il était sage.

- J'ai chaaaud... gegnit-il.

- C'est normal, nous sommes en Égypte.

- Pourquoi Desaix et les autres ont-ils eu le droit d'aller au nord alors que je dois rester ici?

- Tu préférerais faire la guerre?

- Oui!!

Le général roula des yeux.

- Tu es une brute, Junot. Et l'on ne partira pas d'ici sans avoir percé à jour le secret des pyramides, de l'Égypte, même.

Le blond afficha une moue boudeuse. Il finissait par s'ennuyer, à force! Toujours la même chaleur, les mêmes recherches, les mêmes pyramides. À quand les batailles où il pourra se défouler? Si seulement il pouvait s'amuser avec son général comme l'autre soir...

- Regarde un peu où nous sommes, mon amour, et profite! Ce n'est pas tous les jours que tu pourras voir ces magnifiques monuments de près.

Junot le fixa avec de grands yeux.

- ...Eh bien, qu'y a-t-il?

- Vous... m'avez appelé mon amour.

- Je... Je ne l'ai pas fait exprès, bafouilla-t-il en barrant ses dernières annotations.

- Mais je suis tout de même votre amour!

- Oui! Tais-toi! Tu me déconcentres!

Un silence régna pendant quelques minutes, durant lesquelles Napoléon continua d'ausculter le monument, tentant d'oublier par là son dernier écart. Après en avoir fixé le bas un instant, il remarqua une chose étrange.

- Les récits anciens le décrivent avec de longues et grandes pattes, et pourtant il n'en a pas...

- Elles ont peut-être été détruites! Déduit Junot.

- Je ne pense pas. Cela se verrait, il y aurait des traces. Ah, mais que suis-je bête! Elles doivent être ensablées, bien sûr!

- Comment ça?

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now