Chapitre [126]

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- ...Impératrice?!

- Oui, Madame. C'est ce que m'a dit monsieur le premier consul.

Joséphine tombait des nues. Elle s'assit maladroitement sur son fauteuil en se tenant le front.

- Mais... ne puis-je pas le voir? Pourquoi n'est-il pas venu m'annoncer cette nouvelle de lui-même?

- C'est qu'il est, je crois, très occupé.

- Impératrice... je n'en reviens pas...! Cet homme... qui m'avait fait cette prédiction... avait donc raison...

Elle mis sa main devant sa bouche. Impératrice. Elle allait être Impératrice. Épouser ce général pittoresque l'avait emmenée bien plus loin qu'elle ne l'avait imaginé.

~ ☘ ~

- Une couronne pour vous...!

- Merci, je le vois bien que tu fais une couronne, mon Junot. Ce que je te demande, c'est comment tu arrives à aussi bien nouer ces fleurs entre elles...

- Vous n'êtes pas doué de vos mains. Je vous ai pourtant déjà montré plusieurs fois.

Sous le ciel bleu et la légère brise bourguignonne, nos deux amis étaient assis au milieu d'un champ, tissant des couronnes de fleurs automnales. Il y en avait peu, mais ce n'était pas encore l'hiver ; et le fait qu'ils en avaient cueuilli quelques-unes étaient la preuve qu'un peu de flore ne s'était pas encore ternie par le froid. Et encore, aujourd'hui la température n'était pas très basse. Pas très chaude non plus, bien sûr, mais il faisait bon pour un jour de fin de novembre.

- Ah, c'est trop difficile pour moi..!

- Comment, le grand stratège et génie et parfait Napoléon Bonaparte ne parvient pas à faire un nœud entre deux fleurs?

- C'est cela, moque-toi. Les tiges sont bien trop petites! Et les pétales s'en vont que tu les touches à peine! Tu es peut-être bon en travaux manuels mais je suis meilleur en travaux intellectuels.

- ...Cela veut-il dire que je suis sot?

Il roula des yeux.

- Non, bien sûr que non..!

- Mon général, regardez-moi.

Il obéit et lâcha ces fichues fleurs pour relever la tête vers lui.

Ses joues se teintèrent de pourpre au regard qu'ils partagèrent. Il était beau... si beau, avec ses yeux bleus pétillants, ses boucles blondes en désordre, ce sourire étincelant qui lui était adressé. Avec le paysage verdoyant aux arbres aux couleurs chaudes derrière lui, l'on aurait cru voir une peinture. La peinture du Dieu Apollon.

Il était si subjugué par cette vision angélique qu'il ne sentit même pas l'intéressé lui déposer une couronne de fleurs sur la tête.

- À présent vous êtes mon Roi~!

- Je... ne veux pas être un roi... rougit-il en baissant les yeux.

- Même le roi de mon cœur~...? Lui dit-il mielleusement en prenant ses mains.

- Tant de mièvreries... marmonna-t-il en détournant son regard.

- Je vous ai dit de me regarder.

Il posa sa main sur sa joue, tournant son visage et posa son front contre le sien.

- Junot...

Il serra ses mains, comme hypnotisé par ce regard océan qui se mêlait au sien.

En cet instant, rien n'existait à part eux deux. Plus d'épouses. Plus de gouvernement à gérer. Plus de pays à reconstruire. Plus de campagnes à préparer. Juste... Junot et lui... son âme sœur...

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now