Chapitre [109] 🔞

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Malgré les protestations de Laure - qui avait fini par partir chez une amie -, Napoléon était resté chez son amant. Il n'avait pas de travail immédiat, et étonnement, il s'y sentait mieux qu'aux Tuileries.

Junot était assis sur le lit, dévorant par poignée des graines de tournesol regroupées dans un bol, tout en lisant un livre. Il était si calme, et si concentré... il sourit en coin. Le Junot survolté lui plaisait, mais il aimait aussi celui studieux. Il faut dire qu'il le voyait bien plus rarement... enfin, Junot arborait tant de traits de caractère, parfois même opposés, selon la situation. Si c'était une bonne chose ou non, la question se posait encore.

Debout contre l'encadrement de la porte, il continuait de le contempler. Il se demanda s'il avait remarqué sa présence. L'envie lui vint de venir se glisser entre ses bras, de se lover contre lui, qu'il le protège... il secoua la tête. Il était bien trop sentimental. Et surtout, encore un peu trop coincé... mais il fallait le comprendre. Déjà que ce serait pas la joie si on apprenait pour leur relation, mais en plus il devait faire doublement attention avec quelqu'un d'aussi frivole que Junot. 

- Ah, mais qu'il est stupide! Mourir pour si peu!

- Qu'y a-t-il, mon Junot? L'interrogea-t-il en s'avançant vers lui, sans même prendre le temps de refermer la porte.

- La mort d'Héphaistion! Écoutez plutôt : "...dans ces jours-là même, Héphaistion tomba malade de la fièvre : jeune encore et homme de guerre, il ne put s'accoutumer à une diète exacte ; et, pendant que Glaucus, son médecin, était allé au théâtre, il mangea pour son dîner un chapon rôti et but une bouteille de vin qu'il avait fait rafraîchir ; cet excès le conduisit en peu de jours au tombeau."  N'est-ce pas idiot, de mourir ainsi d'une indigestion?

Entre-temps, Napoléon s'était assis sur le lit, à ses côtés, et observait les pages du livre d'une mine concernée.

- En effet, c'est une bien triste fin. Malheureusement cela arrive. Je vois que tu lis le livre que je t'ai prêté, fit-il remarquer.

- Oui, oui... je suis sûr que ce n'était pas une indigestion. Alexandre avait d'autres amants, l'un d'eux a dû être trop jaloux!

Napoléon haussa les épaules. C'était futile, pour lui, ça. Des intrigues qu'on trouve dans les romans d'amour pour bonnes femmes.

- Qui sait.

Junot referma le livre, et gonfla les joues, frustré.

- C'est une histoire d'amour qui finit mal. Je n'aime pas ça.

- Serais-tu toi aussi un sentimental dans l'âme?

- Non, c'est seulement que voir un amour brisé me peine. J'ai un cœur moi aussi, je sais que l'on ne dirait pas, mais tout de même!

- Pourtant, tu en as fait des veuves, et tu en feras encore.

- Bah! Ce sont des femmes, elle n'ont qu'à se trouver un autre mari. Et puis leurs maris sont morts sur le champ de bataille! Là, Héphaistion et mort après avoir mangé un chapon et l'avoir mal digéré. C'est tout de même moins glorieux.

Napoléon se coucha, reposé sur un coude, et attrapa le livre qu'il feuilleta.

- Plutarque écrit tout de même beaucoup de détails, remarqua-t-il, parfois inutiles. Comme lorsqu'il nous fait savoir que le docteur d'Héphaistion était au théâtre lors de sa mort, ou qu'il avait fait rafraîchir une bouteille de vin...

- C'est vrai, enfin il faut mieux ça que de ne pas avoir de preuves concrète de leur histoire d'amour, n'est-ce pas? Assuma Junot qui avait repris une poignée de graines de tournesol.

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