Chapitre [24]

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Junot se réveilla en bâillant, le soleil se reflétant dans la pièce et les oiseaux chantant au-dehors comme dans un conte de fées. Enfin, cela aurait peut-être été plus féerique si les lourdes cloches et les cris des commerçants n'étaient pas aussi de la partie.

Lorsqu'il se releva, il remarqua le corse collé à lui, et ne put s'empêcher de sourire.

Ce n'est que lorsqu'il vit qu'ils n'étaient pas seuls dans le lit que son sourire disparu pour le faire lever un sourcil.

Il passa au-dessus de son général et de Marmont, et mit sa main sur l'épaule de Muiron pour le secouer.

- Muiron... Muiron!!

- Hm-mm...

- Réveille-toi! Te souviens-tu de ce que nous avons fait la nuit dernière?

Il se massa les yeux en grimaçant. Ce qu'ils avaient fait la nuit dernière...?

- Nous sommes allés... au théâtre... puis à l'auberge qu'il y a au coin de la rue... et...

Ses souvenirs lui revinrent en même temps que la vue des corps nus qu'il avait devant les yeux.

- Oh... Oh, seigneur..!!

Il sorti du lit et se mit à genoux pour prier comme s'il avait commis une des fautes les plus graves.

- Seigneur, Seigneur, pardonnez-moi, j'ai pêché... je n'étais pas moi-même, Dieu, je ne reprendrai jamais d'alcool..! Pardonnez mon acte...!! Oh Seigneur, oh Seigneur...

Junot roula des yeux et alla secouer son autre ami.

- Auguste... je crois qu'on a encore fait une bêtise hier soir.

- Hm... ah, oui... j'espère que je ne t'ai pas fait mal.

Loin de se réveiller pour autant, il se retourna en remontant le drap à son visage. Il l'avait pris avec bien plus de légèreté que leur ami qui était en train de paniquer à côté.

- Je n'ai pas le souvenir d'avoir été pénétré... dit Junot d'un air insouciant mais avec tellement de sérieux.

- Oh, Seigneur, ne prononce pas ce mot!! S'écria Muiron. Me laver... je dois me laver!! Un bain... non, ce serait trop long! La Seine!!

Et sous ce dernier cri du cœur, il sorti en courant.

Junot s'affala sur le lit. Marmont s'était déjà rendormi et ce n'est pas lui qui fera un cas de ce qu'il s'est passé hier soir. Muiron, aux antipodes, aura une belle crise de conscience, lui. Quand à leur général... franchement, il valait mieux ne pas le lui dire.

- Hmm... Junot...

Ce dernier sourit en se collant à son bel Apollon blondinet. Comment être plus heureux que lorsque l'on a le cœur rempli d'amour et l'être aimé en question nu contre nous?

- Mon général... je vous aime... marmonna-t-il en mettant sa tête dans son cou.

- Moi... aussi... mon chat bourguignon...

Junot rit légèrement et lui embrassa le front.

Si seulement ils pouvaient rester ainsi pour l'éternité...

~ ☘ ~

- Vous... PAS UN MOT!! VOUS ÊTES DES ÊTRES DÉVERGONDÉS QUI NE MÉRITENT MÊME PAS LE JUGEMENT DE DIEU!!

- ...Pardon?

Napoleone leva les yeux de son livre pour voir Muiron, dégoûlinant de partout, et un air de chien enragé sur le visage.

- CE QUE VOUS M'AVEZ FAIT HIER SOIR... VOUS IREZ AU DIABLE POUR CELA!!

Et il monta les escaliers d'un pas vif et lourd.

L'air interrogateur, le Corse le suivi, mais au lieu de le suivre jusqu'à sa chambre, il alla frapper à celle qu'il partageait avec Junot.

- Dis-moi, Junot... qu'avez-vous encore fait à Muiron hier soir pour autant le faire sortir de ses gonds?

Il le regarda en croisant les bras, mais sans trop de sérieux pour une fois, bien plus curieux.

Junot déglutit.

"Disons que nous étions tous les quatre complètement ivres, et que nous nous sommes bien amusés les uns avec les autres sous le joug de l'alcool..."

Non, il ne pouvait tout de même pas lui avouer ça!!

- Hm, Marmont et moi avons seulement... rempli son lit d'eau glacée! Oui, voilà, nous voulions rire un peu...

- Oh, Junot... tu ne devrais pas faire de telles choses. De plus, c'est vraiment très enfantin. Tu sais d'ailleurs qu'il a le sang chaud. La preuve, il s'est mis dans un état...

- Oui, veuillez m'excuser.

- Ce n'est pas à moi que tu dois t'excuser.

- J'irai lui parler quand j'aurai envie d'avoir la tête tranchée.

- Ne parle pas de tête tranchée, s'il te plaît... cela ravive de mauvais souvenirs.

- Désolé.

- Enfin. Que faisais-tu avant que je n'arrive?

- Je comptais mes économies!

- Nous reste-t-il encore assez d'argent pour nous nourrir jusqu'à la fin du mois et payer le loyer?

- Oui, et puis mon père vient de m'envoyer une bourse il y a quelques jours!

- Voilà une bonne nouvelle.

Il posa son livre sur la table de nuit et alla s'assoir sur le lit près de son compagnon, pour regarder lui aussi les quelques pièces, mais Junot les dégagea pour l'attirer a lui et le mettre sur ses genoux.

- Ju-Junot! Si l'on nous voit...

- Peu importe.

Il l'embrassa sans rien rajouter, et continua jusqu'à le renverser sur le lit
.
- Junot... ne... pas maintenant... imagine si l'on nous surprend encore comme la fois dernière!

- Cela ne pourra être pire qu'hier soir.

- Comment ç-

Il voulu finir mais fut interrompu par un autre baiser, encore plus poussé, plus passionné.

Lorsque Marmont passa devant la porte une bonne dizaine de minutes plus tard, seul des gémissements et des cris en sortirent.

- Eh bien, il y en a qui sont encore en forme, même après hier soir. Enfin, le jour où Junot sera capable de se retenir...

Qu'ils prennent du bon temps. Tant qu'ils le peuvent encore...

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant