Chapitre [7]

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Depuis qu'il était allé porter ce billet à l'ennemi, et en était revenu sain et sauf, ses camarades le considéraient encore plus comme un héros qu'avant.

Il ne voyait pourtant pas ce qu'il y avait d'extraordinaire dans ce geste... tout français, tout révolutionnaire devrait être prêt à affronter la mort sans peur pour sa nation!

Il fallait vraiment être un lâche pour avoir peur de la mort.

Mais peur de la mort ou non, ça n'avait pas arrêté les différents camps de se combattre.

C'est pourquoi, rebelote, il était encore perdu au milieu des coups de canons. Quand il s'était engagé, il espérait voir des terres nouvelles, changer d'endroits de jour en jour, pas rester trois mois à un fichu port, certes influent en temps de paix mais bon sang, là, qu'est-ce que c'était chiant.

- Y aurait-il ici un soldat avec une belle écriture?

Sans hésiter, Junot leva la main le plus haut possible. Si on avait quelque chose d'intéressant à lui proposer, il ne refusera pas.

- OUI, MOI!

Il s'approcha tandis qu'on lui quémandait de venir.

Et lorsque son regard se posa sur l'homme qui l'avait appelé, il lui sembla que tout autour de lui s'était arrêté. Le temps comme les combats. Comme son cœur dont les battements, qui s'étaient tus une seconde, s'étaient mis à s'intensifier dans sa poitrine.

Cet expression qu'il avait au visage, elle était simple et déterminée, mais elle semblait en cacher mille autres...

Il ne su ce qui l'attira le plus, entre ces yeux bleus glacés qui le fixaient ou ce visage pâle plus franc que tous ceux qu'il avaient déjà vus.

Cet homme... il ne savait pas qui il était, mais il savait qu'il allait le suivre partout où il ira.

Une prise de parole le fit revenir à la réalité.

- Oh, mais vous êtes le soldat d'il y a quelques jours-..

- Sergent la Temp- Junot! S'exclama-t-il avec un peu trop d'exaltation.

- Oui, c'est cela. Je suis le Capitaine Buonaparte. Apparemment vous écrivez bien ; j'aurais besoin que vous écriviez sous ma dictée.

- Oui!

Ses joues étaient rouges, et il prit le papier, la plume et l'encre que lui tendait son supérieur sans croiser son regard.

Respirer un bon coup... que lui arrivait-il, bon sang?! Il avait survécu à des mois de guerre, et c'est le regard d'un homme qui allait lui faire perdre tous ses moyens?!

Reprenant comme il pouvait son sérieux, il commença à retranscrire les mots qui lui étaient dictés, et eut à peine le temps de terminer qu'un boulet de canon atterrit violemment à ses pieds. Alors que tous ses camarades s'étaient enfuits en voyant le projectile exploser, lui ne fit que se mettre à rire comme si de rien n'était.

- Qu'ils sont bien aimables ces anglais! Ainsi, nous n'aurons pas besoin de sable pour sécher l'encre!

Le Capitaine le fixait avec étonnement... avec fascination. Ce Junot, il semblait si calme face à ce danger qu'il ne voyait même pas. Il devait être courageux. Ou idiot. Nous verrons bien.

- Vous avez l'air de bien savoir garder votre sang-froid ; je voudrais vous prendre comme aide-de-camp, si vous acceptez.

Le bourguignon releva la tête vers lui.

Son... aide-de-camp?

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now