Chapitre [138]

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- Mon beau chat bourguignon!

Dans leur lit, dos à son amant et les yeux fermés, Junot afficha un sourire. Il n'avait compris que "chat bourguignon", et c'était là la raison de ce tendre sourire qui ornait ses lèvres.

- Bon chat, bon chat... c'est le chat à son empereur!

En entendant cette phrase, le bourguignon grimaça. Était-il encore en train de parler à ses saloperies de bestioles? Il se retourna vers lui et le serra le plus fort possible. Lui aussi, il voulait des caresses et des câlins.

Napoléon tourna la tête à ce contact. Il croyait que Junot dormait encore.

- Vous êtes mon empereur à moi... mon général à moi...

Il ouvrit légèrement les yeux, son visage tout proche de son dos.

- Vous m'êtes précieux, je vous aime plus que tout au monde... plus que tout, je ferais tout pour vous... j'irai... jusqu'au bout du monde. J'irai jusqu'à la Lune, pour vous en ramener un morceau. J'irai jusque dans les étoiles, pour vous en cueillir une. Je retournerai même en Égypte, pour vous en ramener son plus précieux trésor. Mais vous savez, quand nous étions en Égypte, je l'ai trouvé, ce trésor. Savez-vous de quoi il s'agissait...?

Napoléon, déjà rouge pivoine après ces soudains mots d'amour lyriques, ne parvint pas à répondre à cette question dont il devinait la réponse.

- C'était vous, le plus précieux trésor, dit Junot avec un petit rire qui brisa l'ambiance poétique qui s'était installée. Le plus magnifique, le plus scintillant... le plus beau... hm, le plus magnifique, oui... Vous êtes si beau, si brillant. Avec toutes les qualités possibles, et sans aucun défaut. Mon général à moi, rien qu'à moi. Je ferais absolument tout ce que vous me direz. Tout pour vous faire sourire comme avant. Si vous saviez comme je vous aime... d'un amour si grand qu'il ne peut se mesurer. Si grand qu'il va au-delà du ciel et des étoiles, si profond qu'il va au-dessous des profondeurs des mers. Regardez-moi ça comme vous êtes beau. Il colla ses lèvres à sa peau. Vous êtes le plus beau de tous. Vous êtes un dieu, vous êtes un dieu pour moi. Mon dieu. Il n'y a qu'en vous que... vous êtes tout pour moi...

Il se mit soudainement à pleurer, pour aucune raison apparente. Cela fit tout de même s'alarmer son amant, qui se retourna pour le prendre dans ses bras.

- J'ai si peur de vous perdre... j'ai si peur que vous m'abandonniez!

- Junot, mon Junot, voyons... jamais je ne ferai ça!

Il embrassa son front, puis l'attira plus fermement contre lui.

- Que vas-tu penser là... mon Junot, mon beau Junot, mon chat bourguignon...

- P... Pardon, balbutia-t-il en reniflant. Je suis si émotif...

- Émotif d'une drôle de manière, remarqua le corse en passant sa main dans ses cheveux blonds. Tu peux te faire blesser gravement, subir le pire des sorts, tu ne pleureras pas, mais dès que je te fais un reproche, ou que je suis trop absent pour toi, tu fonds en larmes.

- C'est car je suis courageux, sauf lorsqu'il s'agit de votre personne. Car vous seul parvenez à jouer avec mon cœur.

- J'espère y faire attention, alors, et bien le traiter.

- Hmm... cela dépend des jours, le nargua son amant d'un sourire.

- Hé, je fais ce que je peux, vilain chat.

- Je ne suis pas un chat! Protesta-t-il en tirant la langue. Je suis votre amant, votre amour, votre âme sœur...

- Exactement... sussura-t-il en passant ses doigts sur le dos de sa main.

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now