Chapitre [113]

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- Où m'emmènes-tu donc? Je n'aurais pas dû te suivre.

- Voyons, tu ne le regretteras pas! Assura Gabriel.

Ils étaient perdus dans les étroites rues d'un quartier au nord de Paris que Francesco ne connaissait pas, et ce dernier suivait maintenant son compagnon dans ces ruelles depuis plus d'une heure. Il n'était pas fatigué, mais se demandait franchement où il l'emmenait ainsi.

- Tu ne veux toujours pas me dire où l'on se rend?

- Dans une vieille boutique où je pourrai trouver les ingrédients dont j'ai besoin.

- Toi et tes histoires de sorcellerie... tu vas faire des potions étranges avec ces ingrédients, c'est ça?

- Pas du tout! Ne dis pas n'importe quoi, ce sont des préjugés. Tu ne voudrais pas que je cuisine dans un chaudron aussi?

- ...Tu cuisines dans un chaudron?

- Bien sûr que non! Enfin, nous sommes arrivés, c'est là, regarde.

Francesco leva la tête. Une enseigne cassée montrait le corps d'un corbeau ainsi qu'une étoile, installée au-dessus de vitrines sales est brisées à quelques endroits. De ce qu'il voyait de l'intérieur, c'était tout aussi poussiéreux.

- Rassurant... comme endroit.

Gabriel fit fi de sa remarque et entra, avec, lui, un sourire au lèvres. Il arriva au comptoir et sonna une petite cloche qui s'y trouvait. Aussitôt, un homme assez âgé arriva devant eux, sortant d'on ne sait où. Il avait une longue moustache et de très, très grosses lunettes devant les yeux, et semblait aussi poussiéreux et ancien que les articles qu'il vendait.

- Jeune homme! Mais il me semble vous avoir déjà vu ici!

Ce doit être le seul client que vous avez, aussi, pensa le napolitain.

- Moi, non, mais mon père, oui! Il s'appelait Georges. Georges Lagier.

- Georges Lagier... oui, il venait souvent... mais c'est surtout de votre grand-mère dont je me souviens... Antonine.

- C'est cela.

- Si vous êtes ici, j'en conclus que vous avez suivi ses traces.

- Exactement. Elle m'a transmis ses connaissances, et m'a appris à utiliser mes dons.

Francesco respira un grand coup. Il ne se sentait pas mal à l'aise, mais... pas à sa place. Cet homme lui paraissait vraiment étrange aussi.

- Intéressant... j'espère que vous en faites bon usage.

- Bien sûr! Qui serais-je pour ainsi déshonorer la mémoire de ma défunte grand-mère?

- Défunte... elle n'est donc plus de ce monde, soupira-t-il en posant ses lunettes sur le comptoir en bois.

- Malheureusement non. Mais elle est en paix.

L'homme se tourna vers Francesco avec un regard qui le fit frisonner.

- Et vous, jeune homme, qui êtes si silencieux, qui êtes vous...?

- C'est un ami à moi très cher. Je l'ai rencontré à la guerre, en Égypte.

- La guerre... cette chose tant inutile qui est pourtant recherchée inlassablement par l'homme. Il sortit du derrière de son comptoir et s'approcha de Francesco. Hm... cet homme... Il émane de lui... une très grande énergie...

Le napolitain tenta de reculer, mais son interlocuteur lui avait déjà pris la main.

- Je vois une très grande estime de soi... et beaucoup de chagrin...

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant