Chapitre [50]

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- Pas une seule trace des français.

La flotte de l'amiral Nelson, autrement dit la marine anglaise, avaient posé le pied à Alexandrie. Enfin, à Alexandrie, c'était bien dire, car ils n'avaient fait qu'accoster quelques navires et que la ville siégeait un peu plus loin, entourée de fortifications qui n'avaient plus l'air très solides.

Nelson bouillonait à l'intérieur de lui. Il pensait les avoir enfin trouvés, ces fichus français, et voilà qu'ils lui filaient encore entre les mains!!

- Nous nous sommes trompés... ils ont dû prendre une autre direction.

- ASSEZ!! TOUT LE MONDE À SON POSTE!! Hurla Nelson. ET CAP SUR LA GRÈCE!! S'IL N'Y SONT PAS, NOUS IRONS JUSQU'À L'EMPIRE OTTOMAN!! JE TROUVERAI CETTE FLOTTE, DUSSÉ-JE PARCOURIR MILLE FOIS LA MÉDITERRANÉE!!

Près de lui, Hardy déglutit. Rien de tout ça n'était rassurant.

Il regarda une dernière fois les terres d'Égypte. Les Français n'y étaient donc pas... pourvu qu'ils les trouvent rapidement, ne serait-ce que pour calmer l'état inquiétant de leur amiral.

~ ☘ ~

Le lendemain...

Les vagues tumultueuses et la tempête faisant rage, un débarquement était impossible. Oui, les navires français avaient enfin atteint l'Égypte, mais n'avaient pas encore atteint son sol. La raison, c'était le temps capricieux - et c'était un euphémisme. Des orages grondaient et des éclairs illuminaient le ciel recouvert de nuages sombres, qui cachaient d'énormes et d'abondantes gouttes de pluie glacées. On se serait cru au plein cœur d'une malédiction, et les plus supersitieux voyaient là la manifestation des antiques pharaons qui maudissait l'ennemi qu'ils sentaient s'approcher de leur territoire.

Napoléon était l'un d'entre eux, de ces superstitieux, et cette tempête ne l'arrangeait mais alors, pas du tout. Non seulement car toute approche des terres égyptienne était inconcevable au vu des rochers pointus dissimulés dans le brouillard, et car ses soldats étaient encore plus effrayés que lui. Quand aux savants, beaucoup d'entres eux regrettèrent de ne pas être restés à Toulon.

Le visage trempé recouverts par des mèches de cheveux qui l'étaient tout autant, il tenta de donner le plus d'ordres possibles, et, si possible, de bons ordres.

- Général Bonaparte, êtes-vous certain de vouloir accoster aujourd'hui? Pourquoi ne pas attendre demain? Lui demanda un officier qui s'accrochait au rebord, le vent au visage.

- J'ai traversé la Méditerranée et ai attendu des semaines pour fouler ces terres, maintenant qu'elles sont toutes près je n'attendrai pas plus longtemps! Ce n'est pas une simple tempête qui sera un ralenti à mon but!

Non, en fait il avait surtout peur d'y passer si un élan de bourrasque faisait chavirer le navire contre les rochers et le faisait couler. Et le fait qu'il ne sache pas nager et sa peur de l'eau n'arrangeaient rien. Il voulait quitter ce fichu navire et se retrouver sur la terre ferme, n'importe laquelle. Seule solution, accoster en barque et pour les soldats restants, c'était soit la nage, - très déconseillé au passage - soit ils attendront le beau temps. Il donna donc ces ordres.

Repoussant une mèche de cheveux de sa frange gênante, il s'avança vers Junot, qui comme toujours gardait un calme olympien, comme lui sauf que lui, ce n'était qu'en apparence, à l'intérieur il appelait sa mère en pleurant. Il crut même déceler un sourire amusé dernière cette pluie torrentielle. Cet homme était fou.

- Nous avons de la chance, nous n'avons pas croisé les anglais! Ils doivent être loin derrière nous!

Le déluge frappait lourdement contre le bois de la rampe et du sol.

- Junot, monte dans la barque!

- Pardon?!

- MONTE DANS LA BARQUE!!

- OÙ ÇA?!

Il roula des yeux et le prit brusquement par le bras. Junot le prit comme une invitation et lui offrit un rapide baiser, qui fut remercié par une claque monumentale.

- CROIS-TU SÉRIEUSEMENT QUE C'EST L'ENDROIT ET LE MOMENT??!!?!

Il lâcha un grognement et le jeta presque dans une barque que l'on détachait, et alla s'assoir à ses côtés. Il avait ordonné que l'on fasse accoster les chercheurs et scientifiques en premier, et ce fut chose faite et entendue puisque la barque en était remplie.

Junot se penchait largement pour regarder l'océan déchaîné en dessous d'eux ; lui, il n'osait même pas ouvrir les yeux.

Le court chemin de la barque jusqu'à la terre ferme fut une véritable torture, et il resta accroché au bois de son siège, à tel point qu'il était certain qu'il y restait encore la trace de ses ongles. Lorsque ses bottes maintenant mieux nettoyées que jamais s'enfoncèrent dans le sable, il bénit un Dieu en lequel il ne croyait pas. Junot avait déjà filé pour s'extasier sur il-ne-savait quoi et les chercheurs reprenaient leurs esprits. Sur la plage débarquaient maintenant bon nombre de soldats petit à petit, l'air traumatisé pour la plupart, faut dire qu'en s'engageant pour une petite expédition, ils ne s'attendaient pas à une telle épreuve.

Si il y a un qui n'était pas impressionné, en tout cas, c'était notre soldat napolitain.

Ses cheveux longs et ondulés retombant sur ses épaules, l'uniforme collant à sa peau par un mélange de pluie et de sueur, Francesco jeta un regard en arrière. C'était un bien piteux spectacle que ce débarquement à la hâte. Beaucoup de soldats s'étaient sans doute noyés.

Il regarda le sol, puis la grande ville qui siégeait derrière lui.

l'Égypte, ils y étaient... l'Égypte qui ne ressemblait d'ailleurs pas à l'Égypte. Eux qui pensaient voir de lumineux et imposants édifices, se retrouvaient devant une ville pauvre assombrie par le temps colérique. Alexandrie était bien différente de sa description dans les livres.

Il fut coupé de ses pensées par le garçon roux qui semblait bien trop enjoué dans un moment pareil.

- Cette ville a mon nom!! S'exclama Alexandre qui était surexcité, on se demande bien comment d'ailleurs, alors que son grand frère était en train de vomir dans le sable juste derrière lui.

- Je déteste.... je déteste les débarquements...

Francesco s'approcha de Sébastien et lui donna une grande tape dans le dos, ce qui ne l'aida absolument pas.

- Allons, mon cher! Vois le bon côté des choses! Nous sommes en Égypte~!! Lui dit-il joyeusement.

Oui, lui-même ça ne le convaincait pas, mais il fallait bien lui remonter le moral.

- Comment faites-vous... pour être autant en forme et de si bonne humeur... avec ce temps... et ce débarquement horrible...

- Nous tentons de garder le sourire.

- J'ai faim! S'exclama Alexandre.

- Et tu crois que c'est le moment?! Rumina son grand frère.

- Mais... ils ne vont pas nous donner de la nourriture?

- C'est ça! Va en demander à Bonaparte, de la nourriture!

Francesco les prit par les épaules.

- Allons, le temps est peut-être horrible, et nous avons faim... mais voyez le bon côté des choses! Nous sommes à Alexandrie! En Égypte! Je suis sûr que demain, c'est le Soleil qui nous accueilliera. Qui aurait cru que nous aurions l'opportunité d'être ici un jour?

- Oui... c'est vrai...

Francesco leur sourit à tous les deux. C'était pour eux le début d'une aventure, comme pour beaucoup d'autres.

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant