Chapitre [127]

36 2 2
                                    

Il faisait frais, froid même, dans l'immense cathédrale de Notre-Dame. Les Dames, vêtues de robes légères, étaient frigorifiées tandis que les hommes, guère mieux vêtus, se frottaient les bras pour se réchauffer.

Letizia n'était pas venue, et les filles Buonaparte tiraient la gueule, forcées de porter la robe d'une future impératrice qu'elles haïssaient.

Mais malgré toutes ces contraintes, Lucien était heureux. Car aujourd'hui, était le jour où il se faisait sacrer. Bon, sacrer sous le nom de son frère aîné qui n'était pas au courant, mais... ça ne comptait pas!

Assis sur le trône de ses rêves, il se leva en voyant le pape s'avancer vers lui, couronne à la main.

Que pourrait-il faire pour lancer une polémique de plus contre son frère?

Mais voyons, bien sûr!

Un sourire en coin, il prit la couronne des mains de l'homme d'église - qui au passage, se demandait franchement ce qu'il foutait là, à devoir couronner un homme dont il n'avait que vaguement entendu parler - et se la mit lui-même sur la tête.

Puis il prit l'autre couronne, plus fine, et s'avança vers Joséphine, qui était agenouillée devant l'autel comme si elle attendait d'être bénie par Dieu. Ou d'être guillotinée. Chacun son point de vue.

Il la couronna sans trop la regarder, ses yeux étant plus portés sur ses sœurs qui le toisaient du regard.

Les femmes Corses, on le sent très bien, lorsqu'elles veulent vous maudire.

Puis il se reporta sur la toute-nouvelle impératrice.

Cette femme voulait faire la grande, la forte, la puissante, mais elle n'était qu'un pion de plus sur le jeu dont il était le roi. Un pion inutile, même, bien loin de pouvoir jouer le rôle d'une reine. Elle n'aurait pas été là que son plan aurait tout de même fonctionné.

Lucien afficha un grand sourire. Enfin, tout allait changer. Pour le plus drôle!

~ ☘ ~

Bien loin de se douter que plus haut à Paris, il était en train de se faire couronner empereur, Napoléon marchait seul dans la campagne bourguignonne, les mains derrière le dos.

Il faisait frais en cette heure matinale, et le soleil venait à peine de finir son lever. Les couleurs encore chaudes du ciel lui rappelaient l'Égypte...

Sans s'en rendre compte, il était arrivé en haut d'une petite colline. Il faut dire que ce n'est pas ce qui manque, en Côte d'Or, les collines.

Il observa la vue panoramique qui se présentait devant lui. Tout le village était étendu dans la plaine, entouré de champs et de vignes, déjà baigné par le Soleil naissant. S'il pensait, il y a quelques mois, être en ce lieu et profiter de ce calme et cette sérénité...

Fatigué d'avoir marché, il s'assit dans l'herbe encore teintée de rosée. Tant pis pour les vêtements, c'était ceux de Junot, il n'aura qu'à les laver.

Ah, Junot...

Son esprit divagua encore vers lui. Tant de sentiments, tant de conflit... et trop de confusion...

Il réfléchissait à ce sujet qui pourrait prendre des pages et des pages en description, quand une petite fille vint le tirer de ses pensées.

- Vous êtes perdu, Monsieur?

Elle était blonde aux cheveux longs qui lui descendait jusqu'aux hanches, et toute fine. Elle ne devait pas dépasser une dizaine d'années.

- Non, j'étais juste en pleine réflexion. Et toi, petite? Que fais-tu là?

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now