Chapitre [150]

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Junot frappa à la porte. Il n'entendit pas de réponse, mais rentra tout de même. Non, ce n'était pas dans la chambre ou le bureau de son amant qu'il était entré, cette fois ; mais dans la pièce où trônait son bain, face à une grande fenêtre et entouré de plusieurs étagères.

Et dans le bain en question, son dieu, son adoré, son aimé. Il sourit en coin en le contemplant.

Celui-ci avait le regard perdu dans l'eau grisâtre et mousseuse lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir. Il releva la tête, et ouvrit de grand yeux de surprise.

- Junot!! Ne sais-tu pas que l'on n'entre pas dans une pièce lorsque quelqu'un y prend son bain?! S'écria-t-il en en se cachant de ses mains comme si son invité n'avait pas déjà vu ces parcelles de corps.

Ce dernier haussa les épaules, toujours un sourire aux lèvres.

- Je m'ennuyais... et je me sentais sale.

- Physiquement, ou sur le plan moral?! Car permets-moi de me le demander!

- C'est seulement que, lorsque j'ai entendu que vous preniez un bain, j'ai voulu vous y rejoindre. Et c'est bien ironique de votre part. N'est-ce pas vous qui avez écrit et laissé cette lettre sous mon oreiller? Elle est très descriptive.

Le visage de Napoléon devint rouge en voyant la lettre que Junot avait entre les mains.

- Vous avez de la chance que moi seul soit capable de lire votre écriture, continua le bourguignon, surtout lorsque vous faites exprès d'écrire encore plus mal que d'habitude. Car si l'on venait à la trouver...

- Tu n'auras qu'à la brûler! Cracha Napoléon qui était toujours crispé, et dont les joues s'enflammaient de plus en plus.

- Brûler cette lettre... quel dommage ce serait. Le témoignage de notre amour brûlerait avec elle.

- Ce ne sera pas une très grande perte pour l'humanité, minauda-t-il.

- Un témoignage de votre désir aussi... et pas celui de conquête, ou alors c'est celle des parties les plus intimes de mon corps!

- Tais-toi!! Et sors! Laisse-moi.

- Et c'est moi qui suis malpoli? Quelle méchanceté de chasser votre amant alors qu'il est venu vous rejoindre.

Junot avait posé la lettre sur une chaise, et avait commencé à déboutonner sa chemise.

- Que fais-tu...?!

- À votre avis? Je vous rejoins.

L'empereur n'eut d'autre choix que d'admirer son amant retirer une à une chaque couche de vêtement qui cachait sa peau toujours bronzée. Comment insister à le faire sortir avec ça devant soi? Une fois déboutonnés, ses habits tombaient tous au sol, et Junot ne se prit même pas la peine de les ramasser.

Sans rien ajouter, il vint s'installer dans la baignoire, face à son amant qui remonta ses jambes pour lui faire de la place. Enfin, surtout pour se cacher, car de la place il y en avait, dans cette grande baignoire.
Ils restèrent quelques minutes sans parler, jusqu'à ce que Junot brise le silence.

- Mon général, je ne puis supporter de vous voir si près de moi et pourtant si loin. Venez contre moi...

Il ne lui donna même pas le choix, et le tira par le bras pour l'attirer à lui. Napoléon se laissa faire, non sans grogner. Finalement, il se décrispa, et posa sa tête contre le torse de son amant. La cicatrice l'ornait toujours, comme une preuve indélébile de sa dévotion.

Il ferma les yeux. L'eau avait perdu de sa chaleur, et était à présent tiède. Il sentit les bras de Junot l'enlacer, mais ne réagit pas, comme s'il s'y attendait. Instinctivement, peut-être, il s'accrocha à eux.

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now