Chapitre [155]

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- Francesco.... mère ne va... plus jamais faire du mal à Arnaud...?

- Non... je te le promets. Et tu vas le défendre!

- Pourquoi tu n'aides pas à Arnaud à se défendre tout seul?

- Il est trop faible. Il n'y arrivera jamais. Toi, tu es plus forte! Et plus déterminée! Tiens, prends cette épée en bois.

Il lui donna l'objet en question, qu'elle prit en main avec curiosité. Elle remarqua que Francesco avait la même, d'une taille un peu plus grande.

- On va se battre avec ça?

- Oui, on va s'entraîner!

Ils étaient au milieu de la cour de l'auberge, et le soldat lui montra quelques mouvements d'attaque sous les yeux effarés de quelques clients.

- C'est ainsi que tu dois te positionner. Surtout, ne bouge pas le bras quand l'autre attaque par là... ton épée doit parer.

La petite fille suivit les indications, donnant quelques coups dans le vide.

- C'est bien! Tu es vraiment très douée. Et cela me fait travailler ma technique, pour le jour où je repartirai à la guerre.

~ ☘ ~

Tout était paisible aux palais des Tuileries. À l'instar de tous, Junot avait encore une fois rejoint le lit de son jadis général tant aimé, contre qui il dormait à présent. Et pour une fois, ce n'était pas lui qui avait le sommeil le plus agité.

Inlassablement, Napoléon se retournait dans le grand lit, donnant des coups au blond qui dormait apparemment dans un sommeil profond. Puis il se releva, le front en sueur qu'il essuya d'une main.

Ces... mauvais rêves... il sentait son esprit oppressé et même la présence de Junot ne l'aidait pas à se sentir mieux.

Tu parles... Junot, il lui suffisait juste de dormir à ses côtés pour plonger dans un sommeil profond et faire de magnifiques rêves...

Il se massa les yeux, et lorsqu'il les rouvrit, il se figea.

Devant... lui... non... c'était impossible...

- ...Nonna...?

Les esprits... les esprits n'existent pas! Non, il n'y croyait pas!! Alors pourquoi... est-ce que cette apparition opaque le fixait avec un air de pitié..?

- Nonna... nonna, c'est toi...?

- Mon petit Napoleone...

Son cœur sursauta. Il tremblait, mais ce n'était pas de peur. Plutôt de honte. Et de culpabilité.

- Ce... C'est un rêve... un mauvais rêve...

- Es-tu sûr... que le mauvais rêve n'est pas plutôt la vie que tu as décidé de mener..?

Il regarda sa grand-mère, ses traits qui ne semblaient pas avoir changé... depuis qu'elle avait laissé son dernier souffle...

- Je... Je.... tu n'es pas réelle!! Nonna... Nonna... tu es morte... mon Dieu... je n'ai même pas pu te dire au revoir...

Il se cacha les yeux pour essayer de retenir les larmes qui voulaient absolument couler.

- Je savais que mes jours allaient se terminer bientôt... mais je voulais te rendre heureux jusqu'à ce que tu quittes la Corse. Mais dis-moi... où est passé le garçon empathique et réfléchi que je connaissais..?

- Je... tu es venue me hanter, c'est cela... pour me punir... je sais... je sais que je suis quelqu'un d'horrible... seulement... seulement je ne peux supporter d'être seul et de ne compter pour personne..!

- Jamais je ne ferais cela, voyons... tu dois apprendre par toi-même. Pourquoi as-tu choisi la guerre plutôt que l'amour..? Enfant tu détestais pourtant les conflits et ne souhaitais que de l'attention...

- Justement... c'est... c'est toujours le cas... mais dans ce monde, les gens n'ont pas confiance en l'amour! Alors que la guerre est directe, elle m'apporte bien plus de satisfaction, et surtout, on ne se moque pas de moi lorsque je la fais!

- Tu dis que la guerre te donne plus de satisfaction que l'amour... mais est-ce vraiment le cas...?

Elle jeta un coup d'œil au blond endormi dans le lit comme pour appuyer sa question.

- Je... c'est différent.. c'est... difficile! Il est difficile! Je ne peux pas tout gérer à la fois...

- Justement. Tu dois faire un choix. L'amour... ou la guerre.

- Je...

C'était trop. Trop de conflit mental. Trop de mauvais souvenirs. Il éclata en pleurs.

- Napoleone... quoi que tu fasses, jamais je ne t'en voudrais, tu sais.

Elle posa une main sur son épaule et lui sourit d'un sourire doux et plein de lumière. Juste avant de disparaître.

Junot fut réveillé par des sanglots à moitié étouffés.

Il se releva en haussant un sourcil, interpellé, pour voir l'empereur assis au milieu de la pièce avec les genoux remontés.

- Mon... général...?

Il sortit du lit et s'approcha doucement, se demandant s'il n'était pas en train de rêver ou d'halluciner.

- Vous... allez-bien? Qu'avez-vous?

Hésitant un peu, il finit par se mettre à sa hauteur et lui caressa le dos.

- Hey... mon général...

Junot était assez décontenancé. D'habitude, c'était lui qui faisait une crise de larmes et son ancien général qui le consolait (ou lui criait dessus, le plus souvent), pas l'inverse.

Il ressemblait à un enfant... et Junot savait s'y prendre avec les enfants.

Il alla le prendre dans ses bras mais son homologue le fit avant lui, sans rien dire, en pleurant encore plus sans se contrôler et en se blotissant contre lui.

- Chut... calmez-vous... vous avez fait un cauchemar..? Allons... ce n'est rien...

Il embrassa son front en caressant ses cheveux.

Il se demandait tout de même quel rêve il avait pu faire... pour le mettre dans un tel état... en fait, il ne l'avait jamais vu ainsi.

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now