Chapitre [92]

48 2 5
                                    

Francesco reprit une gorgée de lait.

Il était assis sur la table de l'auberge, si nous pouvons la qualifier ainsi, et regardait les femmes aguicher les quelques hommes qui osaient entrer.

Le Soleil enveloppait l'air et on sentait de la chaleur dans les rues de Paris.

- Vous êtes bien le seul homme ici à commander un verre de lait lorsqu'il vient.

Il leva la tête, tiré de ses pensées, pour voir une jeune femme lavant une assiette en métal.  Elle avait de longues boucles châtain qui tombaient sur sa poitrine assez forte peu soutenue par sa taille fine.

Francesco était sûr que c'était à cet endroit que les clients de cet hôtel particulier posaient leurs yeux à chaque fois qu'ils lui parlaient. Mais lui, il préférait regarder son visage.

- Oui, je n'adore pas le vin, surtout en journée ; même si j'accompagne parfois mon ami dans ses beuveries nocturnes, je dois l'avouer.

- Votre ami... ne se nommerait-il pas Sébastien, par hasard?

- ...Si? J'imagine qu'il a assez mauvaise réputation... soupira-t-il.

- En effet. On ne compte plus le nombre de fois où il s'est fait jeter dehors.

- J'en suis sincèrement désolé.

- Bah, ce n'est pas votre faute...

- Je m'en sens tout de même responsable... je vis avec lui et je me suis donné comme mission de veiller sur lui. Vous savez, après la mort de son jeune frère... enfin, je m'en veux de ne pas savoir assez le contenir.

- Ne vous en voulez pas. Les hommes sont ainsi. Ils ne se rendent pas compte de leurs méfaits... qu'ils soient en lien avec la guerre, la luxure, l'alcool et bien d'autres.

- Pensez-vous donc que je suis comme eux?

- Non, vous... ce n'est pas pareil. Vous êtes plus sensé.

- J'en suis flatté alors. Vous savez... lorsque j'étais enfant, l'on me prenait toujours pour une petite fille. Si vous saviez comme ça m'énervait! J'en pleurais. Même à l'armée, en Égypte, l'on m'a pris pour une femme et ils ont voulu vérifier que j'étais un homme. Même le général en chef m'a embrassé sous prétexte qu'il croyait que j'étais une jeune femme...

- Le premier consul? Cela devrait m'étonner mais vu comment il court les jupons, ce n'est pas le cas.

- Et si ce n'était que les jupons... Vous n'êtes pas sans connaître ses goûts plus secrets, je suppose. Vous devez en entendre, des choses, des rumeurs, ici...

- En effet Monsieur, j'en entends. Mais je me refuse à les divulguer ; je ne suis pas une commère et je ne veux pas attirer l'attention.

- C'est fort regrettable... il y a pourtant beaucoup à raconter sur lui et le général Junot.

- En effet, on dit qu'ils sont assez proches...

- Oh, oui... et en Égypte, j'en ai vu, des choses.

Un sourire s'afficha sur ses lèvres. Quels bons souvenirs que ceux où il les avait surpris ou observés... cela lui manquait, parfois.

- Vous semblez très attaché à lui, à ce général Junot, remarqua-t-elle. Vous en parlez constamment.

- Oui, je lui porte beaucoup d'admiration et d'estime... je l'ai suivi durant toute la campagne d'Égypte et je ne le regrette pas, je le suivrai encore.

- Vous seriez-vous donc énamouraché de lui~? Le taquina la jeune femme.

- Oh, non... voyez-vous, je ne suis jamais tombé réellement amoureux de quelqu'un, et cela n'arrivera sans doute jamais.

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now