Introduction

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« Princesse ? »

Un homme s'approcha doucement, ses longs cheveux noirs, rassemblés en une longue queue de cheval sur la nuque, se balançant gracieusement dans son dos. Il avait la main posée sur le manche noir de jais surmonté d'une tête de mort d'une longue épée coincée dans un fourreau, noir, lui aussi. Sa cape blanche trainait sur le sol rocailleux et, pourtant, on l'entendait à peine marcher. Il se dirigeait vers une silhouette, postée au bord de la falaise.

Ses longs cheveux blond platine, presque blancs, bougeaient au grès du vent, comme les vagues de la mer soumises aux courants. Il y avait effectivement beaucoup de vent et l'homme ne put s'empêcher de frissonner. La jeune fille, elle, avait juste une fine cape blanche sur ses épaules mais ne semblait pourtant pas avoir froid. Seuls dépassaient ses petits pieds, chaussés de bottines de cuir qui avaient l'air d'avoir longtemps vécu.

Enfin, il arriva près d'elle et s'agenouilla en baissant respectueusement la tête.

« Altesse, les soldats sont prêts à repartir. Nous lèverons le camp dès que vous en donnerez l'ordre ».

« Bien. Combien de jours avant d'atteindre la Capitale ? demanda la jeune fille d'une voix claire mais ferme ».

« A peu près cinq jours, princesse ».

La jeune fille se tourna vers lui et lui sourit de ses beaux yeux remplis de douceur. Il ne put empêcher son cœur de battre un peu plus vite devant ce sourire. Son sang bouillonna comme à chaque fois qu'il se retrouvait en face d'elle. Elle lui tendit la main afin de l'aider à se relever. Il l'attrapa doucement et sentit une douce chaleur parcourir son corps, chassant le froid du vent montagnard. Il était beaucoup plus grand qu'elle aussi ne fut-il pas étonné de la dépasser d'une tête. Elle se retourna ensuite vers la falaise.

« Qu'observez-vous ? », demanda-t-il, en tournant à son tour, son regard vers le paysage.

« La Capitale » répondit-elle doucement

« Ne vous manque-t-elle pas ? »

« ... »

Devant le silence de la jeune fille, il se tourna vers son visage. Ses beaux yeux gris étaient plissés, une étincelle brillant sauvagement à l'intérieur. La colère avait déformé ses beaux traits fins qui reflétaient la bonté et la douceur habituelle dont elle faisait preuve chaque jour qu'il passait à ses côtés. Il regarda attentivement ses yeux et se rendit compte d'autre chose : ce n'était pas de la colère, non, mais une tristesse sourde, grande, qu'elle gardait au fond d'elle. Il esquissa le geste de la prendre dans ses bras mais rabaissa sa main lorsqu'il entendit la petite voix qui pouvait lui faire faire n'importe quoi...

« Ça va bientôt faire deux ans... », murmura-t-elle avec un triste sourire avant de parler plus fort en se tournant vers le jeune homme « S'il te plait, préviens tout le monde. On lève le camp... »

Il s'inclina et partit. Restée seule la jeune fille continua à observer la silhouette de la capitale au loin. Elle était encore endormie et calme. Une rafale de vent vient secouer ses cheveux et des mèches se perdirent dans son visage, mais elle ne sembla pas le remarquer, regardant toujours la capitale. Au loin, on pouvait voir le palais majestueux qui dominait la ville. Le palais imposant qui avait autrefois été sa demeure. Elle soupira et regarda le ciel bleu pâle et les doux rayons du soleil levant en se remémorant la nuit où tout avait changé.

C'était il y a deux ans...

Deux ans que tout lui a été pris.

Deux ans qu'elle avait tout perdu.

Son foyer...

Sa famille...

Son cœur...

La Lumière d'Asthéa : la Princesse DéchueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant