Chapitre 14 : Sixième Partie

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Eïla.

Elléïs, la prodige. Elléïs, la chouchoute de papa et de maman. Elléïs, celle qui lui avait tout prit.

Dans cet enfer, elle avait vite compris qu'il fallait se faire une place. Se faire respecter. Les autres n'étaient pas tendres avec elle, de son temps très peu de filles se trouvaient enfermées dans les sous-sols de la guilde. Elle avait travaillé dur, s'entrainant comme si sa vie en dépendait. Ce qui était le cas. Elle ne savait pas ce qui était pire, les profs qui la traitaient comme une moins que rien, ou encore les hommes qui étaient persuadés qu'elle ne parviendrait à rien. Parce qu'elle n'avait pas le don de sa jeune sœur.

Tous les jours étaient une bataille de survie. Combien de fois, avait-elle mis ses chaussures pour ensuite se retrouver avec des punaises plantées dans la plante de ses pieds ? Combien de fois s'était-elle retrouvée à table avec dans son assiette les restes des autres mêler à de l'urine ou autre chose beaucoup plus détestable ? Elle n'avait jamais pleuré. Car elle n'en avait même pas la force.

Elle avait alors pris rapidement la tête des classements avec un acharnement qui faisaient peur aux maitres comme aux élèves, se vengeant dans l'arène et mettant chacun de ces garçons leur nez cassés dans la poussière. Et tout ça sous le regard fier de son père qui n'était qu'un maitre à l'époque. Elle avait aussi compris qu'elle ne pourrait pas compter sur lui et devait se débrouiller seule.

Mais quand sa petite sœur, la chérie de la famille était arrivée, tout avait changé. Alors qu'elle avait dû batailler pour parvenir à son niveau, elle y arrivait normalement comme si c'était inné chez elle. Pas un jour ne passait sans que la comparât à elle. Elléïs est plus agile, plus souple, plus habile que sa sœur Eïla. De femme respectée elle était passée à femme dépassée.

Elle entendait souvent que voir sa sœur combattre était comme admirer une danseuse en pleine démonstration. Un jour elle y était allée. Et effectivement. C'était quelque chose de merveilleux. De fascinant qu'Eïla n'avait jamais voulu reconnaitre à voix haute.

Et même maintenant, elle se battait avec grâce et finesse. Un stade qu'elle n'avait jamais pu avoir. Elles ne se disaient rien du tout. C'était leurs armes qui parlaient. Elle n'avait jamais eu la fibre fraternelle, considérant sa sœur comme une nuisance. Petite, Elléïs la suivait partout comme un caneton derrière une canne. Un virus qui ne voulait pas partir. Elle avait décidé d'entrer la guilde, pensant avoir enfin la paix et la reconnaissance de sa famille qu'elle pensait mériter en tant qu'ainée.

Le jour de sa dernière épreuve, Eïla avait demandé à affronter sa sœur. Afin de prouver une fois pour toute qu'il y avait bien une hiérarchie et que c'était elle l'ainée de la famille et non Elléïs. Mais dans les deux cas, elle était gagnante. Si sa sœur parvenait à la tuer, elle serait enfin libérée de cet enfer. Et si c'était elle qui gagnait, cet enfer se transformerait en une prison dorée au pire, où elle serait de nouveau respectée et admirée. Mais son idiote de sœur ne pouvait même pas accomplir une telle tâche. Pis encore, elle s'était dressée contre les maitres et avaient ainsi créé une image de rebelle et avait suscité l'admiration des autres élèves. Eïla n'avait pas besoin de l'être. Mais ce jour-là, jamais elle ne s'était sentie si humilier devant la fausse charité de sa jeune sœur.

- Tu t'es un peu améliorée petite sœur, dit-elle afin de rompre le silence.

- ...

- Tu t'es enfin décider à me tuer ? rajouta-t-elle devant son silence et ses yeux qui brillaient. La petite Elléïs a enfin grandi.

- Et toi quand grandiras-tu ?

Eïla grimaça de colère. Comment osait-elle ? Elle redoubla de force dans ses coups, forçant Elléïs à reculer jusqu'au point où elle trébucha contre une roche et se trouva juste à quelques mètres de la maison en feu. Elle pointa son épée sur sa gorge l'obligeant à rester couchée au sol.

La Lumière d'Asthéa : la Princesse DéchueWhere stories live. Discover now