La Lumière d'Asthéa : la Princesse Déchue

Chapitre 9 : Quatrième Partie

Sverd

Il croisa les bras tandis qu'elle leur souriait. Il se tenait près du Chevalier de l'Esprit et d'Elléïs. Il les regarda et il vit un sourire idiot se dessiner sur leur visage. Quoi ? Il reporta son attention sur la princesse d'Asthéa. Après les multiples refus qu'elle avait essuyés ce matin, elle n'avait pas baissé les bras et chercher une autre solution. Personne ne la reconnaissait. Il se demandait ce que ça faisait de passer à quelqu'un de respecté au palais à une totale étrangère.

-          Elle est vraiment douée, dit le Chevalier de l'Esprit dans un murmure

-          Oui, le roi faisait venir des maitres à danser de tout le pays pour elle. C'est une vraie passion. Elle adore ça. Elle travaillait d'arrachepied chaque jour pendant des heures, jusqu'à ce que le résultat lui convienne, expliqua Elléïs

Sverd ne put retenir un soupir d'agacement. Des maitres à danser ? Le roi avait donc tant de pièces d'or à dépenser inutilement ? Il aurait mieux fait de les envoyer aux pauvres et aux malades.

D'après ce qu'il avait compris, la protectrice se trouvait avec la princesse depuis son enfance. Il se demandait bien comment elle vivait ses journées petites. Lui il se souvenait des siennes. C'était une épreuve chaque jour. Tandis qu'elle devait manger des plats merveilleux dans des plats qui auraient pu acheter sans aucun doute une maison, lui devait se contenter de la minuscule miche de pain qu'il recevait à diner. La plupart du temps, Véra se sacrifiait pour lui et lui donnait sa part. Elle était tout ce qu'il avait de plus cher au monde. Elle était celle qui s'était battue avec la vie pour leur donner une place. Mais leur libération est vraiment venu le jour où Hilla et Robin ont pénétré dans cet orphelinat, et leur avait donné ce que l'on appelait « une famille ». Il était trop jeune pour se souvenir de ses vrais parents.

Il détestait Alyssa, qui avait grandi dans une belle et heureuse famille depuis tout jeune alors que lui avait dû traverser tant de chose et avait perdu ses parents dès son plus jeune âge. Il ne pouvait même pas se souvenir de leur visage. Comme tout le monde au royaume, il avait appris la mort de la reine Anyssa. Il se souvint d'avoir remercié les dieux, de cette justice

C'est en repensant à son enfance qu'il regarda Alyssa danser. Petit à petit il se détendit, se laissant emporter par la musique et le spectacle, lui aussi. Il avait l'étrange sentiment qu'elle faisait passer un message dans sa danse. Elle ne dansait pas pour elle, non, et pas seulement pour les orphelins. Mais aussi pour lui, pour le public qui la regardait. Il se sentit emporter par ses mouvements. Elle bougeait ses hanches et ses poignets au rythme de la musique faisant les multiples métaux s'entrechoquer et marquer les temps. Sa danse avait quelque chose d'envoutant. Il ne pouvait plus détourner le regard.

Soudaine, elle fit un petit saut en avant et lorsque le bout de ses petits pieds toucha le sol, de la glace se forma autour en forme de flocon cristallisé. Elle bougea une nouvelle fois, provoquant l'apparition d'un flocon. Bientôt la place fut remplie de part et d'autre de flocon de glace.  La musique s'accéléra et Alyssa commença à tourner sur elle-même plus vite que jamais en écartant ses bras. La jupe légère virevoltait autour d'elle dans un océan de tissu rose, tandis qu'un vent glacé entourait la place et le public. Le disque de métal s'entrechoquait plus vite formant une mélodie différente de celle joué par les musiciens.

Sverd sentit quelque chose tomber sur son bras, il baissa le regarda à regret et vit un flocon de neige posé dessus. Il leva la tête et écarta les yeux de stupeurs. De la neige tombaient doucement au-dessus de la place. Le public retint un murmure de stupeur. Sverd n'avait jamais vu la neige, sauf dans les livres d'images. On racontait que la dernière fois qu'il avait neigé dans le royaume était justement le jour de la naissance de la princesse. Il tendit la main et cueillit un flocon. C'était doux et glacé. Une drôle de sensation. Il reporta son attention sur Alyssa. Celle-ci ferma ses bras et ouvrit ses mains paumes face au ciel. Elles joints et les approcha de sa bouche. Elle souffla, comme pour chasser quelque chose de ses mains et Sverd sentit le vent jusque dans son visage, tandis que des images germaient dans sa tête.

A son grand étonnement la place et Alyssa disparu de ses yeux. Il vit les enfants de l'orphelinat et leur environnement accablant. Il vit l'air désespéré et triste qu'il connaissait bien pourtant mais il ne put s'empêcher de se sentir révolté et peiné devant tant de misère. Les images s'évanouirent et furent remplacer par d'autres. Des visages qu'il n'avait jamais vus et pourtant qui déclenchait en lui de grandes émotions. Il vit un homme au visage carré et la tête blonde une couronne d'or sur la tête. Le roi... Il lui souriait d'un amour paternel... Ensuite il le vit, le visage pâle et froid. Mort. Un sentiment de peur l'envahit. Un autre visage prit place, cette fois une tête aux cheveux noirs de jais, une épée sanglante à la main, le regard froid comme la glace. Celui qui avait tué son père.... Sverd se retrouva perdu dans un tourbillon souvenirs et de sentiments. Il revit chaque moment du passé de la princesse avec haine et colère, tristesse et solitude. Et les images disparurent aussi soudainement qu'elles avaient germé dans sa tête.

Sverd se retrouva de nouveau sur la place. Alyssa avait arrêté de danser et le regardait fixement. De splendides papillons de glace volaient autour d'elle, leurs ailes reflétant les rayons rosés et orangés du soleil couchant. L'effet produit était sublime, enchanteur. Les papillons s'envolèrent vers le public bouche bée. Quelques instants plus tard, surement sous l'ordre d'Alyssa, ils explosèrent en une multitude de flocon de neige.

Ceci mit fin au spectacle féerique d'Alyssa. Il porta la main à sa joue, en sentant quelque chose couler dessus. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il pleurait, lui qui n'avait jamais versé une larme de sa vie.