La Lumière d'Asthéa : la Princesse Déchue

Chapitre1 (6)

Elléïs

« Vous plaisantez j'espère ? Quarante pièces d'or ces trois fruits ?! », protesta Elléïs.

Le marchand la dédaigna du regard et Elléïs se retint de le frapper. Elle ne devait pas attirer l'attention plus qu'elle ne l'avait déjà fait. Elle sentait le regard des passants s'attarder sur elle. Calme-toi. Elle sortit une bourse de son sac et lui paya les pièces d'or, emportant avec elle les fruits. Floren avait même pensé à leur mettre quelques pièces d'or. Elle regarda attentivement les fruits. Ils étaient moches et fripés. Elle soupira en les fourrant dans le sac. Tant pis, elles devraient s'en contenter.

Jusque-là, elle avait acheté du pain, quelques viandes séchées et surtout des fruits. Elles ne pourraient pas conserver ces aliments longtemps aussi avait-elle évité de trop en acheter. Elles se ravitailleraient plus tard dans les forêts des terres de l'Ouest. Elle continua de marcher à travers les étalages, tenant Mirage par ses rênes. Elle tomba sur un étalage d'armes. Intéressée, elle regarda attentivement la marchandise, soupesant chaque arme.

« Madame semble s'y connaitre », lui dit le marchant en souriant.

Elléïs sourit en retour sans répondre. Si seulement il savait... Son regard tomba sur un arc en bois assez commun mais qui semblait solide. Elle le prit et le banda. Ça devrait suffire pour chasser du gibier et ainsi offrir de la viande fraiche aux deux filles. Alyssa était très faible et elle devait reprendre des forces.

« Cet arc coûte 130 pièces d'or », dit le marchand en lui offrant son plus beau sourire.

Elléïs faillit s'étrangler. Elle pouvait faire le même arc si elle avait le matériel. Pourquoi coûtait-il aussi cher ? Ce n'est pas avec tes vielles dents pourries que tu vas m'arnaquer, pensa Elléïs. Elle le reposa et continua à regarder la marchandise, faisant semblant de s'intéresser à un petit poignard au manche de fer. Le marchand la suivait du regard et Elléïs prit son temps. Elle finit par prendre une épée légère et fit quelques mouvements avec avant de brusquement la mettre sous le menton du marchand horrifié. Elléïs lui adressa son plus sourire.

« Je prendrais ça avec l'arc pour 150 pièces d'or », dit doucement la jeune fille.

« 150 pièces d'or, impossible », refusa le marchant en regardant la pointe de la lame.

Elléïs rapprocha l'épée et toucha la peau du cou de l'homme. Elle appuya un peu plus et sentit la peau se déchirer sous la pointe de la lame et un petit filet de sang se mit à couler lentement.

« Ou je peux repartir avec ta tête, qu'en dis-tu ? », proposa-t-elle, gardant son sourire.

L'homme hocha la tête, horrifié. Elléïs sortit les 150 pièces d'or de sa poche et les tendit au marchand qui essaya de les saisir. Elléïs refusa du doigt et désigna l'arc du menton.

« Tu auras l'argent une fois que j'aurais l'arc en main, son carquois et le fourreau de l'épée qui tranchera ta tête si tu ne te dépêches pas », dit-elle.

Elle sentait encore plus les regards des passants sur elle. Mais elle avait aussi un affreux pressentiment... Elle devait rejoindre Alyssa au plus vite. L'homme revient bientôt avec ce qu'elle avait demandé. Elléïs s'en saisit, passa le carquois sur son épaule et l'arc dans son dos. Elle attacha ensuite l'épée à sa ceinture. Elle se sentait moins nue. Elle n'avait pas eu le temps de prendre ses armes en sortant du palais. La route allait être dangereuse et elle devait être prête à défendre Alyssa. Elle paya le marchand et remonta à cheval. Elle se dirigeait vers la sortie du village quand elle surprit une conversation.

« Y'a quelque chose qui se passe au palais », disait un marchand à un client.

« Hein ? Quoi donc ? » demanda le dernier.