Chapitre 5: Quatrième Partie

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Elléïs.

Elle sortie de la baignoire avec regret. Si elle le pouvait, elle serait restée là, à se prélasser toute la journée. L'eau était noire. Elle n'avait pas pris un vrai bain depuis des semaines. Se sentant à nouveau propre et fraîche, Elléïs saisit le peignoir en coton qu'une des femmes avait laissé, suspendu à un crochet. Elle se glissa dedans et sorti de derrière le paravent. Ici pas de salle de bain privée. La baignoire en fonte se trouvait derrière un paravent près d'une cheminée chaleureuse. Mais elle ne s'en plaignait pas. La chaleur dégagée par le feu était suffisant pour réchauffer l'eau gelée en cet hiver.

Elle sécha ses cheveux et se dirigea vers le lit. Il était large et avait l'air confortable. Elle pensait déjà à la merveilleuse nuit qu'elle allait passer dessus. Sur le drap, était étalée une petite robe verte brodée de dentelle sur les manches et le bas. Elléïs la revêtu et la trouva juste à la bonne taille. Les domestiquent avaient bien fait leur travail et en si peu de temps. Une douce nostalgie l'envahit. L'espace d'une seconde elle s'était cru au Palais Royale, se préparant à passer une nouvelle journée pleine de tranquillité et de jeux. Elle chaussa les petites pantoufles qui se trouvaient au pied du lit et noua ses cheveux en un chignon rapide. Elle regrettait déjà son pantalon et ses bottes. Elle aimait beaucoup les vêtements d'hommes. Elle se sentait plus à l'aise dedans et plus libre. 

Elle pensait au Chevalier. Il était jeune et très beau. Chevalier de l'Esprit. Il avait deviné l'identité d'Alyssa, elle ne pouvait pas douter de ses pouvoirs. Il avait même décelé le sort chez Kendra, alors qu'elle n'avait rien senti. En même temps, ce type de sort qui agit sur l'âme d'une personne était compliqué à repérer et à mettre en place. Elléïs ne connaissait personne au village, qui pouvait accomplir un tel exploit.

On frappa à la porte.

- Entrez, dit-elle

Une jeune fille entra dans la pièce. Elle n'était pas plus âgée qu'Alyssa. Elléïs ne reconnut pas la jeune Maria. Combien de domestique féminin cet homme avait sous son toit ? Il était  charmeur avec Alyssa tout à l'heure. Si il tentait quoique ce soit, elle ne hésiterait pas à l'envoyer charmer les déesses de l'au-delà.

- Excusez-moi de vous déranger, mademoiselle, mais Maitre vous demande à la salle d'armes.

- Bien, je vous suis, répondit-elle en souriant, comme lorsqu'elle n'était encore qu'une demoiselle de compagnie.

La jeune fille la guida à travers tout le manoir.Les couloirs étaient richement décorés. Les portraits ornants les murs attiraient son attention. Ils représentaient surement les différents membres de la famille et pourtant, malgré cette ambiance familiale, Elléïs sentait quelque chose de lourd dans l'atmosphère. Les sourires de ces personnes étaient froids. Les portraits de famille ne retransmettaient pas la chaleur qu'elle retrouvait en observant ceux de la famille royale au palais.

Enfin elle arriva à la fameuse salle d'arme. Elle y trouva Liam, habillé d'une simple chemise entrouverte sur le torse, d'un pantalon de cachemire moulant et d'une paire de botte en cuir de bonne qualité. Il avait attaché ses longs cheveux en une queue de cheval et avait dans sa main une belle épée en acier.

- Ah Dame Elléïs, quel plaisir de vous revoir, dit-il avec un sourire charmeur.

- Dommage qu'il ne soit pas partagé, répondit-elle du tac au tac.

Elle ne savait pas pourquoi, mais elle ne pouvait pas garder son calme en la présence de ce jeune homme. Elle trouvait qu'il avait trop de mots de velours sur le bout de la langue. Elle sentait déjà que le voyage allait être pénible avec cet aristocrate.

- Je suis navré de voir à quel point je vous mets hors de vous. Pour me faire pardonner, je vous propose un petit duel, à la loyale. J'ai vu dans vos souvenir que vous aviez suivis une formation de Protectrice n'est-ce pas ?

Elléïs se raidit. De quel droit il se permettait de fouiller dans sa mémoire ? Elle allait remettre cet homme à sa place

- Très bien, dit-elle avec un sourire crispé.

- Vous m'en voyez ravi ! 

Il prit une des épées qui était accrochée au mur. En fait c'était toute la salle qui était tapissée d'armes. Elle repéra des bâtons, des haches, des arcs, mais aussi des katanas et des kriss. C'était un sacré arsenal qu'il possédait. Elle ne put s'empêcher de pousser un sifflement admiratif.

- J'aime collectionner les armes, dit-il en lui tendant son épée. Bien que je trouve dommage qu'elles restent là à prendre la poussière.

Elléïs tira l'épée de son fourreau. Elle était de bonne qualité elle aussi. La lame était lisse et brillante. Elle était ni trop lourde ni trop légère. En plus le pommeau ne lui agressait pas la main comme l'autre. Il était joliment décoré de gravures.

- Bien en garde, dit Liam en se plaçant à l'autre bout de la pièce.

Elle le regarda étonné et éclata de rire.

- Vous ne pensez tout de même pas que je vais me battre en duel dans cette robe ? dit-elle en montrant sa tenue.

- Oh je comprends, dit-il sans aucune émotion particulière. Il frappa dans ses mains et une autre domestique apparue. Silvie, ramenez quelques vêtements pour cette jeune demoiselle, plus  appropriés pour un duel à l'épée.

La jeune fille disparue comme l'autre. Elles étaient vraiment discrètes. Et très efficace puisque une dizaine de minutes plus tard, la jeune fille réapparue avec une tenue.

- Il y a une salle de ce côté, dit-il désignant une petite porte au fond de la salle. Vous pouvez vous y changer.

- Merci. Elle se dirigea vers la salle et se retourna vers lui. Si je vous surprends à m'observer, je vous décapite compris ?

- Oui, répondit-il en souriant d'un air malicieux.

Elléïs ne savait pas si elle pouvait se fier à cette réponse, mais haussa les épaules. Ce jeune noble ne semblait pas fou, si il avait vu ses souvenirs, il savait bien à quoi s'attendre.

La Lumière d'Asthéa : la Princesse DéchueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant