La Lumière d'Asthéa : la Princesse Déchue

Chapitre 11 : Seconde Partie

Elléïs, douze ans

- El !

Quelqu'un l'appelait. Elle se retourna. Il n'y avait personne sauf elle dans la salle d'entrainement. Le couvre-feu était déjà passé, mais l'épreuve de demain était l'une des plus importantes. Elle ne devait pas se rater. C'est pour cela qu'elle s'était levée et était venue s'entrainer dans le calme, discrètement. Enfin c'est ce qu'elle croyait, avant de voir Edgar entré dans la salle.

Il s'avança jusqu'à elle et lui sourit en haletant. Il était un peu gras et avait du mal à bouger tout son poids, ce qui faisait qu'il n'était pas très bien reconnu parmi les élèves. Il fallait avouer qu'il n'était pas le plus doué, même les exercices les plus simples se transformaient en épreuve insurmontable pour lui. Il subissait les moqueries, les farces de mauvais gout mais toujours avec le sourire. Mais elle savait qu'une fois dans sa chambre, il fondait en larmes. C'est pourquoi qu'elle s'était rapprochée de lui, depuis qu'elle l'avait pris sous son aile, plus personne n'osait s'approcher de lui. En tout cas pas quand elle était dans les parages. Mais elle devait avouer qu'en fin de compte, c'était elle qui avait le plus besoin de lui. Il lui permettait de se reposer de temps à autre de souffler, de décompresser grâce à son éternel optimisme et sa bonne humeur.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- C'est l'heure ... Tu passes la première...Les Maitres te cherchent...

Apparemment elle s'était entrainée toute la nuit. Elle soupira et rangea son épée dans son fourreau avant sortir d'un pas pressé. Plus vite elle l'aurait passé, plus vite elle pourra retourner au palais. L'épreuve devrait se dérouler dans une autre salle, plus loin. Les ainés l'appelaient la Salle du Jugement. Elle n'avait aucune idée du pourquoi. Cette épreuve était entourée d'un lourd voile de mystère. Quand on les interrogeait, les ainés étaient incapables d'y répondre. Comme si ils ne pouvaient pas en parler. Pff ce ne sont que des poltrons se dit-elle, moi je pourrais en parler aux autres.

Elle arriva devant la grande porte noire. Deux grandes bassines remplies d'huiles brulaient de chaque côté, donnant un air encore plus sinistre à cet endroit. Elle allait frapper lorsque la porte s'ouvrit d'elle-même dans un grincement détestable. Mais Elléïs ne se laissa pas intimider par ça. Elle entra d'un pas décidé. Il faisait sombre, peu de torches l'éclairaient. Une ombre passa soudainement devant ses yeux et elle posa la main sur son épée.

- Qui est là ? Que dois-je faire ? cria-t-elle à la cantonade.

Mais personne ne lui répondit. Les minutes passèrent, toujours rien. Elle commença à taper du pied. Personne ne venait, et elle commençait à s'impatienter. Elle était l'une des meilleures élèves de cette fichue guilde. Son temps était très précieux. C'était une blague de très mauvais gout. Et elle n'aimait pas que l'on se moque d'elle. Elle tourna les talons finalement agacée par ce temps d'attente et voulu sortir, mais la porte ne s'ouvrit pas. Elle avait beau tirer dessus, rien à faire, cette fichue porte ne s'entrebâillait même pas.

Alors qu'elle tentait une nouvelle fois de l'ouvrir, elle sentit une présence derrière. Elle se retourna et tira son épée d'un seul mouvement tout. Elle plissa les yeux afin de distinguer la silhouette qu'elle avait devant elle. Les flammes se firent plus vivent soudainement et éclairèrent un visage qu'elle pensait ne jamais revoir.

- Maman ? demanda-t-elle stupéfaite

Le visage se tira en une grimace abominable. Elle recula un peu sous le choc. Elle ne l'aurait presque pas reconnu. Ses cheveux d'ordinaire si épais et soyeux tombaient maintenant en mèches raides et sales sur son visage verdâtre. Ses yeux sortaient presque de leurs orbites, des yeux qui avant brillaient comme des étoiles dans la nuit. Elle portait de vieux haillons sales qui trahissaient des jours voir des semaines d'enfermement.