La Lumière d'Asthéa : la Princesse Déchue

Chapitre 1 (2)

Une fois en dehors de la chambre, la jeune fille se précipita dans les escaliers et les dévala. Elle était pressée de savoir qu'elle était la surprise que son père bien aimé lui réservait. Dans sa course, elle arriva devant la chambre de son garde du corps. Elle tendit la main pour frapper, mais se ravisa, préférant passer ce moment avec son père. Il n'y avait rien à craindre : on était en plein milieu de la soirée et les soldats se trouvaient toujours dans les couloirs. Il y avait aussi pas mal de courtisans dans le palais, préférant passer la soirée à l'intérieur à l'abri du froid des jardins.

Elle continua sa route et reprit le chemin qu'elle avait pris une heure plus tôt. Elle traversa une succession de couloirs et de corridors pour finalement atteindre l'aile Pourpre, l'aile de son père. Comme son nom l'indiquait, cette aile était essentiellement décorée de pourpre et d'or. Elle gravit les escaliers et vint frapper à la porte de ce qui se trouvait être le salon privé du roi. Il était annexé à sa chambre et était réservé aux proches du roi. Elle était la seule qui pouvait y entrer parmi tous les habitants du palais. Même sa tante n'y avait pas accès.

Elle sourit tristement comme à chaque fois qu'elle se retrouvait devant cette pièce. Avant, ce salon était rempli de rires et de chants. Du temps où sa mère était encore vivante. Elle ouvrit la porte et découvrit la table du diner. Une belle nappe blanche avait été posée et des chandeliers d'argent illuminaient les différents plats que l'on avait disposés. Elle regarda les mets avec gourmandise. Elle n'avait rien avalé depuis le déjeuner et il se trouvait qu'elle était affamée.

« Bonsoir, mon Flocon de Neige » la salua une voix derrière elle.

Elle se tourna et se précipita dans les bras de l'homme qui se trouvait derrière. Haut en taille, il avait une carrure imposante. Ses cheveux blonds, coupés courts malgré son âge, ne perdaient pas de leur éclat d'antan. Ses yeux bleus se remplirent de tendresse quand il prit sa fille dans ses bras.

« Papa ! »

« Haha, comment vas ma petite princesse ? » demanda-t-il.

« Très bien. Je suis venu voir qu'elle était la surprise », avoua-t-elle en se dégageant et en regardant autour d'elle.

« Ne sois pas aussi pressée, assieds-toi » dit-il en lui désignant une chaise autour de la table.

Elle s'assit docilement et regarda autour d'elle. Elle remarqua un troisième couvert et fronça les sourcils.

« On attend quelqu'un ? demande-t-elle suspicieuse. Qui ? Il doit être important pour que tu lui permettes de venir diner ici...Ou elle » rajouta-t-elle en murmurant. »

« Oui » répondit le roi en s'asseyant de l'autre côté.

Il sourit devant l'air choquée et suspicieux de sa fille.

« Ne t'en fais pas, je ne suis pas encore prêt à me remarier. Tu n'auras pas de belle-mère, je te le promets »

Elle sourit tristement. Rien que l'évocation du mot « mère » réveillait en elle des souvenirs tendres et heureux de son enfance. Elle avait grandement souffert de la mort de sa mère. Elle tourna son regard vers le visage de son père. Il y avait toujours cette lueur triste au fond de cet océan. Le roi aussi en avait souffert. Plus que quiconque. Elle savait très bien qu'il ne pourrait jamais songer la remplacer. Elle prit la serviette qui se trouvait dans l'assiette de porcelaine, et la posa sur ses genoux.

« Bien, j'espère qu'il ne devrait plus tarder... C'est honteux de faire attendre ainsi le roi et la princesse »

« Ah bon ? Il ne me reste plus qu'à m'en aller alors ? » fit une voix derrière elle.