La Lumière d'Asthéa : la Princesse Déchue

Chapitre 2 (2)

Elléïs

Elle n'avait pas vu son père depuis quelques temps. La dernière fois, remontait à trois ans, lorsqu'elle avait dû affronter la dernière épreuve afin d'obtenir son titre de Protectrice. Elle refoula la colère qui montait en elle à chaque fois qu'elle voyait son père. Elle n'aimait pas lui demander de l'aide mais elle n'avait pas trop le choix. C'était la vie de sa meilleure amie qui était en jeu et ainsi que l'avenir du royaume.

Elle avait certes encore du mal à croire cette histoire de réincarnation : les morts ne pouvaient revenir à la vie. Aucune magie ne pouvait ramener un défunt. Elle le savait. Et pourtant quelque chose lui disait que c'était vrai.

Techniquement, ils ne sont pas vivant, pensa-t-elle.

Elle expliqua à son père la situation, comment William avait tué le roi. Elléïs préférait raconter par elle-même plutôt que de laisser cette tâche à Alyssa, ce qui aurait été sans aucun doute très éprouvant pour la jeune fille. Il écouta tranquillement, sans aucune émotion sur son visage. Comme à son habitude il arborait une attitude impassible voir presque... Indifférente.

Il n'a pas changé d'un poil, remarqua Elléïs.

Il avait toujours le même visage fermé. Les petits cheveux blancs qui perçaient dans cette touffe brune, pouvaient la rassurer sur le fait qu'il était bel et bien humain et vieillissait comme tout le monde. Quand elle eut fini, il se leva et se dirigea vers la fenêtre. Elléïs se sentit intimidée devant la stature de son père, comme à chaque fois qu'il se trouvait en face d'elle. Elle se ressaisit. Elle n'était plus la même petite fille apeurée. Au bout de quelques minutes de silence, il finit par prendre la parole.

« Et que venez-vous faire ici ? » demanda-t-il tranquillement.

Elle allait répondre quand Alyssa la coupa dans son élan.

« On ne restera pas longtemps. Dès que j'aurais trouvé ce que je cherche, on s'en ira », l'informa-t-elle d'un ton ferme

Elléïs se tourna vers son amie, étonnée. Elle ne l'avait jamais entendue parler comme ça. Les yeux gris de la jeune fille étincelaient de conviction. Son visage était sérieux et dégageait une telle volonté que l'on ne pouvait dire non. Elléïs haussa un sourcil. Cette nouvelle attitude la surprenait un peu. Elle se doutait qu'avec toutes les épreuves qu'elles avaient traversées, elle n'était plus la même mais elle ne s'attendait pas à un tel... Revirement.

« Qu'êtes-vous venu chercher, votre Altesse ? », s'enquit son père sans se retourner.

Alyssa se contenta de sourire mais ne répondit pas.

« Vous pouvez me faire confiance », ajouta-il en se tournant. « Votre père et moi étions amis ».

« William était aussi chéri par mon père », lança-t-elle du tact au tact. « Sans vouloir vous offenser, mon père ne m'a jamais parlé de vous. Je ne souhaite pas vous mettre en danger et aimerais m'en aller au plus vite. Vous n'avez pas besoin d'en savoir plus »

« Si vous le désirez ainsi », accepta-t-il en inclinant la tête.

Elléïs cligna des yeux. Non... Etait-ce un sourire qu'elle avait vu se dessiner sur le visage de son père ? Elle devait rêver. Elle secoua la tête. Son père ne souriait jamais. Une scène d'elle en train de dompter l'un des chevaux les plus fougueux de l'écurie lui revint à l'esprit. Tout le monde l'avait félicitée. Seul son père avait gardé la même expression neutre sur son visage. Elle avait pourtant tenté pendant des années d'obtenir un signe de fierté de sa part mais n'y était jamais parvenue.

« Vous pouvez rester ici autant que vous le voudrez... Mais il faudra vous faire extrêmement discrètes », reprit son père en marchant vers une porte. « Elléïs, vous pouvez utiliser la cache. Vous passerez plus inaperçues là-bas qu'ici »