Chapitre 14 : Troisième Partie

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Elléïs.

Les jours passèrent sans que plus rien ne vienne troubler le train-train quotidien qui s'était installé. Le plan pour défier le maire avançait chaque jour petit à petit. Kaï avait remarqué que tous les derniers dimanches du mois, il sortait en ville. Les autres jours, il restait enfermé dans sa somptueuse demeure. Elléïs l'avait vue de loin. Et était repartie dégoutée... Dans une région où l'eau était rare, chez lui coulaient plus de fontaines qu'au palais de la Capitale. Et le peuple devait observer ce spectacle enrageant derrière un grillage doré, gardé par une centaine d'hommes armés.

-    El' peux-tu me passer cette robe là-bas ?

Elle prit la robe en question, une de taffetas jaune claire qui avait été commandée deux jours avant et que Choros avait terminée, il y avait tout juste une heure. Elle la tendit à Kaï qui l'enveloppa dans du papier de soie et la glissa dans une boite.

-    Tenez, mademoiselle. Ça vous fera trente pièces d'or dit-il tendant la boite à la cliente qui la prit ravie de repartir avec une aussi belle robe.

Elléïs était à chaque fois surprise en entendant le prix de ces vêtements. Même avec des tissus nobles, les prix étaient divisés par deux. Celles qui n'avaient pas trop les moyens pouvaient s'acheter des vêtements de qualités sans se ruiner. L'héritage des deux « frères » était ce qui expliquait leur grande générosité . Choros et Kaï avaient tous les deux reçus de leurs parents respectifs une somme conséquente. Il faut dire que d'après les deux chevaliers, leurs familles avaient acquis une certaine fortune au fil des années, mais afin d'échapper à l'avarice du maire, ils avaient jugé plus sage de ne pas se faire remarquer. Cette boutique était juste un moyen de répandre un peu de bonheur dans cette ville à l'atmosphère si lourde et amer. Elléïs voyait le regard vide et amer des passants qu'elle croissait lorsqu'elle faisait les courses. La joie de vivre n'existait pas ici. Sur les visages, on avait l'impression qu'ils portaient tous les fardeaux du monde... Mais les femmes, en sortant de cette boutique avaient quand même un sourire.

-    Azhar non, pas sur le comptoir ! protesta Kendra de sa petite voix

Le petit tigre aimait s'installer sur les endroits hauts perchés, quitte à trainer ses pattes sales sur les vêtements qu'ils devaient vendre après. Et cette fois, il n'avait pas trouvé mieux qu'une robe du soir en soie mauve que la cliente devait venir chercher le lendemain. Elléïs grogna et essaya de faire partir le tigre. Mais celui-ci se contenta de la regarder et de bailler, montrant ses petites canines acérés. Ne me donne pas d'ordres, humaine lit Elléïs dans ses yeux violets.

-    Je vois... On veut jouer les plus fort hein...

-    Qu'elle salle bête, cracha Mia en le regardant du coin de l'œil

Il semblerait que la jeune femme n'aimait pas les félins.

-    Il est vraiment revêche, j'aime bien ce caractère, observa Kaï, occupé à ranger une pile de bonnets dans une armoire en acajou. Il se serait bien entendu avec Kira.

-    Il n'obéit qu'à Alyssa... On a tous essayé mais rien à faire.

-    Alyssa !!

La princesse débarqua vêtue d'un long vêtement qui frôlait le sol. Comment Choros avait-il appelé ça déjà ? Ah oui un caftan. Ouvert sur toute la longueur, il était fermé en dessous de la poitrine par une ceinture de fer dorée à l'or qu'il avait commandée chez un forgeron. La ceinture était très bien faite, les arabesques soignées et le soleil d'Asthéa qu'Alyssa avait demandé était magnifique. Le long des ouvertures, Alyssa avait brodé, avec l'aide de Kendra, des cristaux de glace en argent sur le tissu de couleur. L'ensemble était un régal pour les yeux. En dessous elle portait un simple pantalon argenté assorti au motif. Choros lui avait offert ces vêtements en disant que les siens étaient trop usée et pas digne d'une princesse. Une tenue typique des Déserts de l'Est. Alyssa avait accepté avec plaisir. Elle en avait deux ou trois comme ça, cadeaux du prince en souvenir de ses voyages, mais qu'elle n'avait jamais mis. Moulant mais pas trop, il épousait tout son corps et lui permettait de se déplacer facilement. Très léger, il permettait à Alyssa de respirer contrairement à son ancienne tunique qui était trop chaude. Car plus le temps passait, et plus elle devenait faible. Certaines fois, la chaleur était tellement insupportable qu'elle devait rester au sol afin d'obtenir plus de fraicheur. Aujourd'hui heureusement, il faisait moins chaud.

La Lumière d'Asthéa : la Princesse DéchueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant