La Lumière d'Asthéa : la Princesse Déchue

Chapitre 15 : Sixième Partie

Elléïs.

« Maman...»

Sa mère la regardait avec le même sourire. Mais Elléïs savait qu'il ne voulait rien dire. Bien au contraire. Ce sourire fit dresser les poils sur tout son corps. Elle ne se sentait pas en sécurité. Comment sa mère pouvait-elle être ici ? Elle était sur de l'avoir tuée. Elle avait vérifié elle-même. Elléïs se rappelait encore. Elle avait cherché son pouls sur cette main froide, espérant avoir raté son coup, mais son adresse avait été plus forte qu'elle... Cette même main qui essayait de la toucher. Comment ? C'était le mot qui revenait le plus dans son esprit. Elle se rappelait aussi l'avoir mise en terre.Dans toute leur « bonté » les Maitres avaient accepté qu'elle quitte la guilde afin d'assister à l'enterrement de sa mère. On ne pouvait pas être plus pervers et sadique qu'eux... Cet horrible jour  où, vêtue de noire, avec son père et sa sœur, elle l'avait mise en terre. Elle se souvenait encore avoir pesté contre le soleil qui brillait comme si de rien n'était. Oui car même si son monde s'était écroulé, sa famille déchirée, rien n'avait changé... 

Mais le cri d'Alyssa lui fit oublier immédiatement la présence de sa mère morte-vivante. « Tiens bon Alyssa ! J'arrive ! ». La pauvre jeune fille se rattachait comme elle pouvait à la racine qui la maintenait dans les airs. « Arggggg ! » fit la voix de Liam derrière elle.

Elléïs se retourna une nouvelle fois vers Liam. Les lianes devenaient de plus en plus serrées. Elle apercevait encore quelques mèches de ce blond sombre qu'elle aimait contempler. Elléïs tourna la tête de droite à gauche, ne sachant que faire. Si au moins elle avait Kendra avec elle, elle aurait pu... Mais Elléïs secoua la tête. Non Kendra ne pouvait plus lancer de sort et elle n'était pas là. Elle devait trouver une solution. « Alors, mon trésor », Elléïs ne put réprimer un sourire à cet appellation « Qui vas-tu sauvé en premier ? » dit sa mère d'une voix douce qui lui rappelait de bons souvenirs. Mais ces bons souvenirs avaient un gout amer.

Elle regarda sa mère s'approcher d'elle à pas lents, vêtue de la robe blanche simple mais délicate qu'elle portait dans son cercueil, ses longs cheveux semblaient être revenus à la vie eux aussi. Elle était morte, et pourtant Elléïs ne l'avait jamais vu aussi en forme. Elle tomba sur ses fesses, prise par un tremblement qu'elle ne pouvait pas arrêter. Sa mère saisit sa tête entre ses mains, froides et sèches. Alyssa aussi avait les mains froides, mais elle c'était un doux froid. Différent de celui-ci. Elléïs ferma les yeux par reflexe. « Ouvre les yeux ma chérie » lui dit-elle doucement. Elléïs n'obéit pas. Elle ne voulait pas voir ses yeux. Elle avait peur de voir ce qu'elle pouvait bien y lire. « Ouvres les yeux jeune fille ! » répéta-t-elle avec colère. Et ce fut comme si elle avait encore quatre ans. Elléïs les ouvrit immédiatement et déglutit lorsqu'elle vit ce qu'elle redoutait le plus. Ces yeux verts brillants de haines, les mêmes que pendant l'épreuve. « Vas-tu les sauver Elléïs, ou bien vas-tu les abandonner comme tu l'as fait pour Floren ? »

Les mots, comme une gifle, vinrent la frapper au visage. Elle avait abandonné Floren ? Elle se rejoua la scène de cette nuit dans sa mémoire, une scène qu'elle avait presque faillit oublier. Elle revit le sourire chaleureux de Floren si différent de celui de sa mère. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Sa mère posa sa tête contre son épaule, mais elle le remarqua à peine. C'était vrai, elle avait sacrifié son amie pour Alyssa... Etais-ce vraiment la meilleure solution ? Avait-elle vraiment bien agit ce soir-là ? « Tu as toujours fait passer la princesse avant tout le reste... Avant Floren...Avant ta sœur et... Avant moi. Pourquoi hésites-tu maintenant ? » murmura sa mère dans le creux de son oreille.

Elléïs regarda dans la direction d'Alyssa. Elle ne tenait plus qu'à une main. Elle regarda vers Liam. Il ne criait plus. On aurait presque dit qu'il ne respirait plus.

« Fais-ton choix, ma fille. Ou tu les perdras tous les deux. »

Kaï.

Il ouvrit péniblement la gorge « Kira » c'était le seul mot qu'il réussit à prononcer. Il ne pouvait dire si c'était le choc de revoir sa sœur jumelle vivante ou si c'était le fait qu'elle avait tué tout le monde

"Oui c'est moi !"

C'était la même voix, haute perchée, remplie de joie de vivre, le même sourire innocent et pourtant, Kaï ne la sentait pas avec lui. Elle s'approcha, encore tachée du sang de ses victimes et l'encercla de ses bras maigrichons. Il resta interdit, ne sachant s'il devait lui rendre son câlin ou bien la repousser. . Comment elle pouvait-être ici... ? « Tu m'as manqué frérot » murmura-t-elle la tête enfuie dans sa poitrine.

Il ne répondit pas. Il n'avait pas rêvé ce jour-là, elle était morte. C'était bien elle ainsi que sa mère qu'il avait enterrées ce jour là dans ce cimetières qu'il haïssait plus que tout au monde. Et pourtant, il avait dû y retourner quelques jours après pour son père qui l'avait abandonnée. Seul à son triste sort. Ce n'était tout simplement pas possible. Il regarda autour de lui, cherchant la seul personne qui pourrait l'aider, calmer la colère qui commençait à le gagner. . Ses yeux tombèrent sur Alyssa. Elle était pâle. Il ne pouvait pas la toucher car sa chaleur brulait sa peau si fragile... Cette même peau qui était teintée d'un sang rouge vif. Prenant soudainement conscience de ce qui se passait, il sentit quelque chose au fond de lui se briser...

« Kira, murmura-t-il. Pourquoi ? »

Sa sœur se raidit contre lui et se décolla légèrement. Ses yeux froids comme la glace tranchaient avec leur couleur rouge flamboyante si semblable à ses propres pupilles...

« Parce qu'elle t'empêchait de me rejoindre, dit-elle en lui caressant la joue. Nous sommes nés ensemble, nous devons mourir ensemble. N'avons-nous pas promis de toujours rester l'un avec l'autre ? »

S'il s'en rappelait. Oh combien il se rappelait de cette promesse. Il maintient sa main contre sa joue, savourant le plaisir de sentir sa propre chair contre lui. Le lien entre des jumeaux était plus fort que ceux entre des frères et sœurs normaux. Sa sœur était une partie de lui, tout comme il était une partie d'elle. Ils se complétaient et étaient la paire la plus stable du monde. C'était sa sœur, sa meilleure amie, son autre moitié, celle qu'il aimait le plus au monde. C'était lui... Et quelque fois il s'était dit que si elle n'était pas sa sœur, alors... « Kira, dit-il d'une voix brisée par l'émotion.  « Tu es morte ». Il avait dit ça et pourtant il serra cette petite main dans la sienne. Comme si le fait de le dire à haute voix allait la faire disparaitre encore. « Je sais. Et je t'attends. Papa et maman aussi. Là-bas nous aurons la vie que nous avions ». Elle avait répondu avec le même naturel qu'avant. C'était bien elle. Il le savait. Et il ne pouvait contrôler l'immense joie qu'il ressentait, malgré ce qu'elle avait fait. Elle lui mit le couteau encore tâché du sang des autres dans la main et ajouta avec douceur « Rejoins-nous ». Kaï regarda le couteau en réfléchissant. Il ne voulait pas perdre celle avec qui il avait tout partagé. Il ne voulait pas perdre ces sentiments, ces moments...

Il prit finalement sa décision.

Il regarda le corps sans vie d'Alyssa. Il avait failli à protéger celle qui l'avait aidé. Quel piètre chevalier qu'il faisait... Il regarda ensuite Choros, son frère, celui qui avait toujours été la. Lui aussi était mort. Il aurait aimé lui parler une dernière fois, comprendre ce qui s'était passé et ce qu'il avait raté mais surtout savoir pourquoi les deux personnes en qui il avait foi ne lui faisait pas assez confiance pour lui confier un si lourd secret. Il s'agenouilla auprès de son corps sans vie et le pris dans ses bras une nouvelle fois « Je vais devoir faire une nouvelle bêtise Choros. Et cette fois tu n'es pas là pour me réprimander. Ni pour m'empêcher », murmura-t-il. Puis il se dirigea vers Alyssa et arrangea ses beaux cheveux blonds en prenant bien soin de ne pas frôler sa peau. Ignorant le sentiment de culpabilité qui commençait à ronger son cœur, il retourna auprès de sa sœur qui lui souriait. Kaï lui retourna son sourire en pensant au nombre de fois où ce sourire lui avait manqué.

Puis il brandit son couteau.

Il était temps d'en finir.

Bon ben ça fait un bail pas vrai ? Un peu plus et ça faisait un mois... Je sais je sais à chaque fois je dit que je ferais des efforts et tout donc...... je ne vais pas le dire cette fois  ! J'espère juste ne pas vous avoir fait trop attendre et ne pas vous avoir déçu avec ce chapitre ! Merci encore pour tout ! <3 Je vous adore <3